Commentaires des réponses
Par ordre décroissant de pertinence des réponses
« Il faut avoir eu le prix Goncourt. C’est le seul moyen de ne plus l’attendre. Après on peut travailler. » Marcel Arland
L’estime de soi est nécessaire pour agir, cependant l’égotisme, l’égo, l’arrogance et toute forme de surévaluation de soi coupe l’auteur de sa réalité. Le besoin de reconnaissance peut devenir paralysant au point de devenir une obsession envahissante. Il perd une partie de ses capacités à écrire. La citation de Marcel Arland est une boutade : tant que l’on n’a pas évacué ce besoin de reconnaissance, il est difficile d’écrire véritablement. De plus ce besoin impérieux de reconnaissance expose l’auteur à de possibles renoncements s’il n’est pas reconnu, comme le refus d’un éditeur.
Jean Guenot écrivait à ce sujet : « En général, le talent seul n’a rien à voir avec l’acceptation d’un manuscrit ou son refus. L’industrie du livre n’a plus les moyens de traiter la qualité littéraire comme une valeur ; elle doit vendre pour survivre. »
Il est nécessaire de dissocier le talent et sa reconnaissance et d’en faire une exigence personnelle quotidienne comme Jacques Brel l’expliquait pour réussir : « Je suis convaincu d’une chose : le talent, ça n’existe pas ! Le talent c’est d’avoir envie de faire quelque chose et je crois qu’avoir envie de réaliser un rêve, c’est le talent et tout le reste, c’est de la sueur, de la transpiration, de la discipline. »
« Il faut posséder 7 qualités principales : voir- entendre- savoir- retenir –deviner- choisir- écrire et être lu. » Gaston Leroux
Votre vision du talent est pragmatique. Vous savez que rien en ce monde n’est inné, acquis sans efforts ou encore sans apprentissage. Ce mode d’emploi fourni par Gaston Leroux d’une perception fine à une bonne formulation pour mieux retranscrire s’avère une évidence. Vous en avez conscience, ce qui indique que vous êtes dans les meilleures dispositions pour apprendre. Ces conseils sont particulièrement avisés pour acquérir le talent. Il reste à les mettre en pratique, s’entraîner, se former, s’impliquer dans ces écrits. Il s’agit d’entreprendre un long cheminement personnel d’au-moins 10 à 15 ans. L’esprit livre peut vous accompagner dans ce cheminement. Nous avons 30 ans d’expérience dans la formation des auteurs et nous pouvons ramener cette durée d’apprentissage à seulement 3 ans.
« Le talent n’est pas d’écrire une page : c’est d’en écrire 300. Il n’est pas de roman qu’une intelligence ordinaire ne puisse concevoir, pas de phrase si belle qu’un débutant ne puisse construire. Reste la plume à soulever, l’action de régler son papier, de patiemment l’emplir. Les forts n’hésitent pas. Ils s’attableront, ils sueront. Ils iront jusqu’au bout. Ils épuiseront l’encre, ils useront le papier. Cela seul les différentie des hommes de talent des lâches qui ne commenceront jamais. En littérature, il n’y a que des bœufs. » Jules Renard.
« Je pète tellement de talent que je suis obligé de mettre un bouchon à tous les orifices de mon corps pour l’empêcher de fuir. » Frédéric Dard
Le très facétieux Frédéric Dard ne répond pas à la question : Qu’est-ce que c’est que le talent ? Il s’est beaucoup amusé à écrire et à rire de ses trouvailles, ce qui l’a rendu créatif et lui a permis d’imposer un style unique en partageant avec ses lecteurs ses jubilations créatives, ses audaces, ses inventions lexicales et métaphoriques, ses élans d’emphase drolatiques. Cette citation ne doit pas être perçue au premier degré. C’est précisément cette indécence égotique qui fait rire : le rire permet de tout dire en se moquant de toutes les convenances. C’est le privilège de l’humoriste pas forcément celui de l’écrivain, sauf si bien sur celui-ci s’exprime dans un registre comique.
« Quand on n’a pas de talent, on dit tout. L’homme de talent choisit et se contient. » Quintilien
L’égo est sans doute le principal écueil pour un auteur. L’illusion d’être un auteur l’expose à de violentes déceptions. Le talent inné, naturel, reste un mythe coriace. Hélas, il ne se substitue ni à l’effort d’écrire ni à l’apprentissage. Que l’on se surestime ou que l’on se sous-estime la difficulté reste la même : vous avez du mal à ajuster la conscience de vous-même. Vous bridez ainsi votre créativité et votre écriture.