Olivier Magnan

Olivier Magnan journaliste, écrivain, traducteur

Journaliste, écrivain, traducteur


Que pouvait bien devenir un jeune garçon, plus tard premier en rédaction, mais qui, avant de savoir écrire, se fabriquait des « livres » à l’aide de ramettes de papier hygiénique qu’il remplissait de lignes ondulées ? Juriste, mes premières études ? Pas assez littéraire. En ajoutant une licence ès lettres à ma maîtrise en droit, en me payant mes études en « pigeant » dans le canard de ma ville de résidence, je me suis fait journaliste, histoire de raconter la vie aux gens. Même pour une remise de décoration ou le Noël des pompiers, il fallait que je trouve l’« angle » qui attire l’œil, les mots qui fassent rire, rêver ou réagir.

 

J’ai dirigé quantité de magazines, souvent spécialisés, car même pour parler d’informatique, de réseaux ou de métavers, d’environnement et d’économie, il faut des images et un style.  

 

 

Raconter des histoires, pour un journaliste, c’est aussi écrire des livres… d’histoire. Hachette m’a demandé de raconter la vie d’Anne d’Autriche, de Marie Walewska, de Thomas Edison (à paraître). Les éditions Chronique voulaient que je raconte Ces routes qui ont fait la France après La vraie histoire des instits et celle des Hôtesses de l’air. En politique, je suis allé tirer des secrets aux banquiers pour écrire Mon banquier, la crise et moi (Éditions du Moment). D’autres secrets traqués ont donné La sorcellerie au cœur de la République (Carnot) car le surnaturel ne m’est pas indifférent. 

 

 

Et j’ai bien aimé raconter les pouvoirs curieux d’un Mentaliste français (éd. du Moment). Entre autres.

J’ai oublié la presse un temps pour devenir directeur de collection chez un petit éditeur, aujourd’hui disparu : trouver des sujets, des auteur·es, les suivre, les amender, les « affronter », les « payer », j’ai plongé avec bonheur dans cette mécanique complexe qu’est l’édition.

 

 

Pour la pédagogie, mon autre passion, je l’ai aiguisée en apprenant à écrire aux apprentis journalistes de l’École supérieure de journalisme à Paris. Et puis j’ai sévi aussi chez Esprit livre il y a quelques années, rigoureux, pédagogue et bienveillant.

 

Enfin j’adore traduire. Les robots sophistiqués n’ont pas encore appris à rendre l’esprit d’une pensée. Les mots et le rythme traduisent le génie d’une langue.

 

Faute d’écrire de la fiction – j’y arriverai bien un jour ! –, je suis un lecteur boulimique de littérature, classique, contemporaine et… étrangère. J’attends le cours « Écrire comme Murakami », le génial japonais. Simple et onirique.

Qu’est-ce qui vous a poussé à écrire ?

Tout ça. Je n’ai jamais rien appris sinon en lisant. L’écriture est ma profession, je n’ai pas le souvenir, non pas d’avoir voulu écrire, mais d’avoir voulu faire autre chose… J’ignore si la prédestination existe, en tout cas je dispose d’une région du cerveau qui fait jaillir les mots, les phrases, les images, les jeux de mots, voire un peu de poésie… 


Même pour écrire un courrier administratif, je laisse courir les doigts sur le clavier et c’est dans la boîte. Alors oui, quelque chose, quelque part, m’a poussé à écrire. Je cherche encore quoi ou qui pour remercier l’élégant vecteur.

Quel aspect de votre métier préférez-vous ?

J’ai l’air de vous dire que tout fut facile. Loin de là. Écrire est une petite souffrance, une petite mort, vous allez l’éprouver. Avant de commencer à écrire, c’est le « blanc ». M’embarquer dans une phrase maladroite, c’est douloureux. Attaquer un livre, une angoisse. L’accroche d’un « papier », le vertige. 

 

 

Alors que préférer ? Je ne sais pas. L’enquête exige du travail, de la concentration, du doute, l’exigence de comprendre pour écrire juste. L’écriture est aventure. La relecture, une thérapie. Tout est travail. Si le résultat plaît, c’est encore le moment que je préfère. C’est rassurant.

 

Comment puis-je vous aider à écrire ?

Il existe deux façons d’écrire : une bonne et… une mauvaise. Parmi la « bonne », tout est permis, absolument tout, dès lors que le·la lecteur·rice vogue sur la phrase, la comprend, la hume, l’apprécie, la redoute parce que le petit génie de la langue s’y est installé (ce qui suppose une part s’inspiration personnelle et une part de travail réfléchi. « Le talent du fabricateur consiste à ne pas laisser voir la fabrication » – Antoine Albalat, Comment il ne faut pas écrire). Dans une telle phrase, chaque mot, chaque ponctuation compte, trouve sa place, sa logique, son apport au trésor du tout, sa musique : elle fait peur, sourire, rire, elle surprend, elle progresse, elle anéantit, fait pleurer, elle sert le récit. Dans le style particulier de l’auteur.


Dans la « mauvaise » façon d’écrire, tout dérange : le mot ou le verbe faible qui ennuie, la construction qui s’écroule, la solution de continuité, la facilité, la naïveté, la faute d’orthographe qui gâche tout, la gratuité des mots, l’évidence que le scripteur s’est débarrassé de la phrase, la faiblesse de pensée, l’absence d’élan, les longueurs, les fadaises…


« Ce qu’un oiseau chante, un enfant le jase. C’est le même hymne. Hymne indistinct, balbutié, profond. L’enfant a de plus que l’oiseau la sombre destinée humaine devant lui. De là, la tristesse des hommes qui écoutent mêlée à la joie du petit qui chante. Le cantique le plus sublime qu’on puisse entendre sur la terre, c’est le bégaiement de l’âme humaine sur les lèvres de l’enfance. » Chez Hugo, pas un mot de trop, la maîtrise des phrases ramassées, l’image.
Vos « mauvaises phrases » me sauteront aux yeux : je vous dirai pourquoi. Mais le travail de correction vous reviendra.

Quels conseils donneriez-vous à des débutants ?

Question piège, je n’ai pas le sentiment d’avoir débuté. En tant que journaliste, je me suis fixé toujours la même règle : s’effacer devant le récit. Écrire pour un public indéfini. S’oublier. Composer des phrases pour informer par une mise en scène pédagogique de l’écriture. En littérature, c’est un peu pareil : même un autobiographe doit s’« oublier ». Se raconter peut-être, mais en s’érigeant soi-même en « caractère », en « personnage », en se dépouillant de son moi pour autoriser le lecteur à scruter, envier, haïr le « je » que vous créez.

 

Penser sans cesse au lecteur, à la lectrice, s’efforcer de lui donner vraiment. Ne jamais l’ennuyer.

Il faut donc lire les autres. Se relire. Se dissocier pour lire ce que l’on écrit comme si l’on était un lecteur quelconque.

Et puis… exiger de soi une maîtrise totale, inconditionnelle de… l’orthographe. C’est un savoir-faire premier de notre métier.

 

J'ai publié...

 • La sorcellerie au cœur de la République, Carnot, pseudo Sylvie Jumel, 2002.

Mon banquier, la crise et moi, toutes les réponses aux questions que vous n’osez pas poser à votre banquier, un livre choc sur les coulisses des banques à destination du grand public, 2009. Éditions du Moment.

Les loges de la république, écrit pour un grand maître du Grand Orient de France, Éditions du Moment, 2009. 

Mentaliste, la biographie du « Patrick Jane » français, Éditions du Moment, 2010.

Les règles d’or pour réussir le financement de votre entreprise, Dunod, 2011.

Anne d’Autriche puis Marie Walewska, Hachette, collection grand public Reines, maîtresses & favorites, 2014 et 2015 (réédition en cours).

La vraie histoire des instits, Chronique, 2014.

La vraie histoire des hôtesses de l’air, Chronique, 2015.

Ces routes qui ont fait la France, Chronique, 2015.

Thomas Edison, Hachette, à paraître

 

Traducteur de l’anglais au français

Zecharia Sitchin, David Icke, Mark Stephens, Richard Bartlett, Ron Miller.

 

 

La vraie histoire des hôtesses de l’air

 

Mentaliste

 

Ces routes qui ont fait la France