Michèle Bayar auteur jeunesse et scénariste exerce depuis plus de 20 ans. Auteure engagée dans le « bien vivre ensemble », Michèle Bayar vit aujourd’hui en Languedoc-Roussillon. Elle partage son temps entre l’écriture, les rencontres, sa propre formation (Scenario au Cifap, Transmédia avec Dixit, Pause de voix et apprentissage de l’écoute, méthode Thomatis) l’animation d’ateliers d’écriture littéraire, dramatique et cinématographique auprès d’un large public.
Michèle Bayar adhère à la Charte des auteurs et illustrateurs pour la jeunesse, à la SACD, est sociétaire de la Société des Gens de Lettres et soutient l’association Lire et faire lire.
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Michèle Bayar relate son parcours d’écrivain professionnel. Face à la précarité de son métier, elle a su s’adapter aux multiples demandes de ses éditeurs et du public. Elle a su répondre aux attentes de ses éditeurs. Elle s’est formée toute sa vie et continue encore aujourd’hui. A en juger par son dynamisme, la formation comme l’écriture sont deux aventures épanouissantes.
Interview réalisée par Jocelyne Barbas, montage de la vidéo Benoît Glatre.
Parcours
De père tunisien et de mère française, elle vit la première partie de sa vie en Algérie. En 1971, elle y commence des études d’informatique. Elle côtoie les milieux cosmopolites liés à la production d’hydrocarbures. Dans le même temps, elle se passionne pour les mythologies et le théâtre. En 1986, elle actualise ses connaissances au Carel (Royan) et devient formatrice indépendante en micro-informatique et communication tout en pratiquant le théâtre d’improvisation. En 1995, elle publie ses premiers contes. Ils témoignent de la richesse culturelle dans laquelle elle a vécu. Elle se prend au jeu. Après les contes, viennent les nouvelles, romans, scénarios qui sont publiés chez des éditeurs nationaux (Nathan, L’Harmattan, Actes-sud junior, Magnard, Oscar, Syros, Milan et Bayard presse notamment).
Le professionnalisme de l’écrivain
S’il existe un tabou dans le métier, c’est bien celui-là : associer le mot « professionnel » à « écrivain » sans susciter une levée de boucliers. Sans écrivain, pas d’industrie du livre… Les préjugés sont tenaces et nuisent à la professionnalisation des auteurs.
Défendre le métier d’écrivain
A l’origine de cette interview, une envie commune : montrer la réalité du métier, les besoins de formation, l’écriture. La nécessité de s’adapter reste au cœur du métier et de se former pour répondre aux fluctuations des goûts du public, des pratiques de lecture, et de la commercialisation des livres.
Il existe bien des confusions dans l’esprit du public lorsqu’il s’agit d’aborder un métier créatif. La tentation est de croire qu’il n’y a rien à apprendre. Tout métier nécessite d’acquérir des procédés, des méthodes, des techniques, une éthique. Il y a l’art et la manière. Pour elle, être écrivain, c’est devenir un « artisan d’art du langage. »
De même la vision du métier d’écrivain est souvent limitée à la seule activité d’écrire. Savoir présenter son livre, animer une conférence ou un atelier d’écriture sont d’autres facettes d’un même métier qui facilitent la diffusion des ouvrages et la rémunération des écrivains. Ces « facettes » sont d’ailleurs si techniques, que le niveau de professionnalisme attendu correspond à un autre métier. C’est le cas par exemple de l’animation des ateliers d’écriture. L’évolution du métier d’écrivain est rapide et conduit à des pratiques de plus en plus complexes.
La formation des écrivains : une inévitable incompréhension
Michèle Bayar est aussi impliquée dans la formation professionnelle. Elle a appris son métier sur le tas. Lisez « à la dure ». L’assimilation s’effectue en dépassant les échecs provisoires, les refus, la solitude, l’errance dans la quête de la bonne formule ou la technique idoine, par imprégnation, intuition, essais… et des notions incontournables :
« J’ai appris à formaliser un récit narratif, construire un rapport entre le personnage et la narration, tenir compte du regard de celui qui écrit. J’ai appris dans le désordre et avec pragmatisme. » ;
« Vous en savez quelque chose, vous ! Les règles de la narration sont incontournables. »
Bien que le métier d’écrivain soit la première profession de la chaîne des métiers du livre, le droit à la formation est récent (1er juillet 2012). Michèle Bayar s’est d’ailleurs mobilisée pour défendre ce droit.
La mauvaise perception du métier renforce la difficulté à faire accepter l’apprentissage. Cette situation a évolué fort heureusement, comme en témoigne la mobilisation des OPCA dont l’Afdas et les institutions du livre.
La détermination comme seule arme de combat
En regardant cette vidéo vous serez sans doute frappé par l’énergie vivifiante de Michèle Bayar et son immense modestie. Elle considère ses 40 publications comme autant de miracles. Rien d’acquis. A chaque livre, Il faut toujours commencer par le début et se remettre au travail.
Face aux velléités ambiantes des aspirants auteurs, la suspicion systématique des professionnels de la formation, les aigreurs de la presse dénigrant le plus souvent les ateliers d’écriture français, Michèle Bayar poursuit son propre chemin. « J’assume ma subjectivité ! C’est mon atelier d’écriture et mon labo ! ». Elle donne des clés pour s’initier à la littérature : « Quand mes participants ont compris qu’il n’y a jamais aucun jugement de valeur, aucune compétition entre eux, que le but c’est d’être ensemble une heure, pour découvrir le rapport entre la subjectivité, le langage et le fait d’atteindre quelqu’un d’autre. », alors ils découvrent que l’écriture « est une manière d’être au monde », « un enjeu culturel qui engage l’être tout entier. »
Participer à un atelier d’écriture, c’est aussi et surtout une belle manière de prendre la pleine mesure de ses capacités à communiquer et à exercer son humanité.