Le blog d'Esprit Livre

" Vous trouverez sur ce blog des informations sur les métiers de l'écriture, des chroniques littéraires , des textes de nos auteurs en formation, des guides et des conseils pour vous former, écrire et publier. " Jocelyne Barbas, écrivain, formatrice, fondatrice de L'esprit livre.

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Écrire avec l’IA : quand la créativité humaine rencontre la technologie

Sommaire

L’IA, une muse à portée de clic ? Pas si simple. Écrire à deux est en soi un vrai défi. Alors quand votre partenaire n’a ni visage ni émotions, cette collaboration se mue en une expérience singulière. Ses suggestions n’effacent pas le doute, et ses connaissances ne remplacent pas l’intuition. Retour sur une étrange coécriture où l’auteur et la machine se rejoignent sans jamais se confondre.

Le projet auteur/IA

Home invasion

Voici la question initiale qui a lancé ma « collaboration littéraire » avec l’IA :

« J’aimerais écrire une nouvelle de type home invasion. Quels sont tes conseils pour aborder ce texte ? »

C’est tout. Pourquoi ce choix de la home invasion ? Car c’est un domaine où je ne me suis jamais aventuré. Autant mesurer dans quelles proportions la machine est capable de m’orienter au cœur d’un territoire vierge. Pour rappel, ce sous-genre repose sur un récit d’intrusion – celle d’individus pénétrant le domicile de leurs victimes, rarement pour leur bien. En moins de temps qu’il n’en faut à pied-de-biche pour rimer avec effraction, l’IA m’a proposé six axes de travail :

  1. le choix du point de vue
  2. l’espace comme personnage
  3. la gestion du suspense
  4. les personnages
  5. le sous-texte
  6. le ton et le style

Un gain de temps

Sans les détailler outre mesure, elle a toutefois développé un minimum chacun de ces points. Elle a posé ses idées, en quelque sorte. Mieux, elle les a assorties de conseils concrets en affinant le choix du narrateur, l’exploitation de la disposition des pièces, la gradation des signes d’intrusion, la connaissance ou non des motifs de l’agresseur, le questionnement sur la sécurité domestique, etc. Un travail de tri que chaque auteur est amené à effectuer et dont elle s’est acquitté avec célérité.  Un gain de temps appréciable.

Le pitch de la machine

Une fois ce premier stade franchi, et sans que j’aie eu à la relancer, l’IA m’a proposé un pitch. Rien de magique : c’était la continuité logique de son processus génératif, plutôt qu’une preuve d’autonomie. Mais force est de constater que j’ai rapidement disposé d’une base de travail solide :

« Une femme vit seule dans une maison isolée à la campagne. Chaque nuit, à la même heure, elle entend le bruit d’une chaise qu’on déplace dans le salon. Elle descend, arme à la main : rien. Le lendemain, la chaise est à nouveau hors de place. Convaincue qu’elle devient folle, elle installe des caméras.
Un soir, les images lui révèlent la vérité : un homme masqué entre chez elle chaque nuit… mais il ne vole rien, ne la touche pas, ne parle pas. Il s’assoit simplement sur la chaise et reste là, à la regarder dormir à travers l’escalier ouvert.
Quand elle alerte la police, personne ne trouve trace d’effraction. Le système de sécurité est intact.
La nuit suivante, elle se barricade… mais au matin, la chaise est encore déplacée. »

Conversation stellaire

En lisant ce pitch, une réflexion presque spielbergienne m’est venue : écrire avec l’IA, c’est éprouver une forme de rencontre du troisième type. Une confrontation entre deux intelligences ne partageant ni la même sensibilité, ni la même manière d’apprendre, mais qui finissent par se comprendre à travers une discussion autour d’un langage universel. Les cinq célèbres notes de musique en moins, s’entend.

L’oreille aux aguets

Si sa proposition n’a rien d’extrêmement original, la situation est intrigante et inquiétante à souhait. Avec cette suggestion, l’IA met l’accent sur l’un des ressorts les plus puissants d’une home invasion : la perte du sentiment de sécurité, normalement indissociable du lieu où l’on vit. Ici, le raclement de chaise redouté par la femme chaque nuit devient un métronome de sa frayeur. C’est aussi unrendez-vous avec le lecteur, invité à partager cette contamination progressive de la peur. Lui aussi finira par tendre l’oreille

La fausse note

Le procédé est classique, mais diablement efficace lorsqu’il est bien mené. Une chaise déplacée dans le silence d’une maison, l’aboiement d’un chien dans la cour d’une ferme isolée à minuit – tout peut servir à injecter une fausse note dans la partition du quotidien.
Ce moment précis où, allongé dans son lit, tiré de son sommeil par un bruit suspect, on se demande si l’on a bien fermé la porte d’entrée. Oui ? Non ? Brrr…

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Blocs et plateau

La scoliose narrative

Me voilà donc en possession du squelette du récit et de son élément perturbateur – la légère dissonance qui tord la colonne vertébrale de l’histoire. La scoliose narrative, si l’on veut. Pour le même prix, l’IA m’a offert sur un plateau un twist final susceptible de dérouter les lecteurs peu habitués aux chutes ambiguës nimbées de fantastique :

« En visionnant les enregistrements plus anciens (qu’elle pensait vierges), elle découvre que l’homme masqué est présent depuis bien avant son arrivée, déjà filmé lors des premières nuits dans la maison, alors qu’elle n’y vivait pas encore. »

Le travail par blocs

Cette ossature claire possède un autre avantage. En me livrant des segments bien délimités – exposition, tension, climax –, l’IA m’offre la possibilité d’aborder chaque partie de l’histoire indépendamment. Je peux travailler l’introduction sans pour l’heure me soucier du dénouement, voire passer du début à la fin selon l’inspiration du moment.
Cette approche en “blocs narratifs” peut libérer les auteurs que le fil linéaire embarrasse, c’est à noter.

L’IA et vous

Toutefois, c’est une chose de pouvoir papillonner, c’en est une autre de veiller à ce que les règles élémentaires de l’écriture ne s’envolent pas. L’IA ne vous apprendra pas à écrire. Elle vous secondera. Elle pourra aussi vous conforter dans l’illusion d’être devenu un auteur du jour au lendemain si vous vous mentez à vous-même. L’IA est bienveillante, mais ce n’est pas une amie sincère. C’est une machine. Elle ne remettra jamais en cause votre manque de travail. Vous avez déjà entendu un radioréveil vous traiter de fainéant parce que vous ne vous étiez pas réveillé à l’heure, vous ?

Pourquoi l’auteur doit rester lui-même

Ce que l’IA n’a pas vécu

Voyons à présent ce que le twist m’a inspiré. Un retournement bien ficelé où le surnaturel s’invite sans prévenir en s’essuyant les pieds sur le paillasson du réel, je suis preneur ! Mais si c’est correct, cela souligne aussi une limite de l’IA. Capable d’instiller logiquement une dose de mystère, elle peine encore à en restituer ce qui en fait viscéralement la portée vénéneuse. Un humain, enfant ou adulte, connaît pour les avoir vécues la nature obsédante de ces peurs nocturnes. Une IA en a seulement entendu parler.

Le récit lacéré

C’est donc là que ma patte d’auteur doit griffer le papier. Y laisser ses lacérations émotionnelles.  L’IA, en cadrant ma feuille de route, m’offre un espace d’expression sans pour autant rendre poreuse la frontière entre suggestions et influence. Cette compartimentation est à mon sens ce qui préserve l’identité de l’écrivain des formatages de la machine. Aujourd’hui plus que jamais, la liberté d’expression passe par la nécessité d’être soi-même.

La lanterne de l’auteur

C’est en adoptant cette approche créative que j’ai commencé à rédiger une histoire de home invasion. Je vous invite à découvrir la semaine prochaine les premiers paragraphes de cette nouvelle. Je continuerai bien sûr à mentionner les contributions de la machine. Au fait, ce texte est intitulé Les veilleurs. Ce titre est de l’IA. Cela ne m’empêchera pas de prendre mon tour de garde en ayant soin d’éclairer mes pas à ma propre lanterne…

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