Le blog d'Esprit Livre

" Vous trouverez sur ce blog des informations sur les métiers de l'écriture, des chroniques littéraires , des textes de nos auteurs en formation, des guides et des conseils pour vous former, écrire et publier. " Jocelyne Barbas, écrivain, formatrice, fondatrice de L'esprit livre.

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Quand on veut débuter en écriture, quels auteurs lire pour progresser

débuter en écriture

Sommaire

Première partie

Débuter en écriture passe par l’étude d’auteurs confirmés – des modèles. Une fois trouvés ceux qui éclairent vos premiers pas en littérature, vous vous mettez à les lire et à les relire. Progresser à leur contact suppose de dépasser l’imitation pour repérer les procédés qui font leur force. À chacun ensuite d’adapter ces savoir-faire à sa propre plume afin de trouver l’équilibre entre technique et personnalité. Dans cet article, nous allons analyser ce que Stephen King, Neil Gaiman, Haruki Murakami et J.K. Rowling peuvent réellement apporter à un auteur débutant.

Stephen King : les voisins de la peur

Les vertus d’un personnage ordinaire

Stephen King fascine par l’aisance avec laquelle il insère le surnaturel dans les fissures du quotidien. Sa faculté à trouver dans les tracas humains matière à tordre la réalité par touches légères est une façon imparable de relier l’intime à l’inexplicable. Voilà pourquoi il est autant apprécié des auteurs débutants : il leur prouve qu’un personnage ordinaire, immédiatement identifiable, peut devenir une porte ouverte sur d’effrayantes ténèbres. En créant cette proximité émotionnelle, King rappelle que l’horreur n’est jamais si efficace que lorsqu’elle frappe des êtres qui nous ressemblent. Il fait de la monstruosité le voisin de palier du lecteur – accessible, crédible, inquiétante.

Ce qu’un débutant peut en retenir

King tire sa force de ce que le quotidien a de plus concret. Chez lui, aucune manifestation du fantastique n’apparaît tant que les habitudes de ses personnages ne sont pas solidement installées. Là réside son efficacité : dans la lente mise en place d’une routine rassurante que de petites craquelures commencent à ébrécher. Un débutant peut s’inspirer de cette méthode en ancrant d’abord son récit dans un réalisme crédible, puis en laissant le fantastique l’imprégner par fines couches faussement anodines. La tension ne naît pas d’une irruption frontale, mais de la manière insidieuse dont l’étrangeté se plaque à l’ordinaire.

Comment se servir concrètement de « l’effet King »

Bien sûr, appliquer « l’effet King » est idéal pour convoquer angoisse et trouille en vos pages. Mais gardez aussi en tête qu’il s’agit d’un levier pour installer n’importe quel dérèglement majeur dans le parcours de votre personnage. King a, d’une certaine manière, popularisé une nouvelle façon d’introduire l’élément perturbateur : non pas en surgissant, mais en s’insinuant. Autant dire que vous auriez tort de vous priver d’une telle aubaine narrative. Sa méthode a en outre une qualité rare : elle fonctionne pour tous les genres, portée par cette science de la gradualité qu’il a élevée au rang d’art.  

Shining : comment Stephen King installe progressivement la tension

La situation réaliste qui prépare l’horreur dans Shining

Prenez Shining, par exemple. Un écrivain raté, ancien alcoolique, à qui l’on donne une seconde chance : devenir gardien de l’hôtel Overlook durant l’hiver. L’opportunité pour lui de peut-être réaliser son rêve de débuter une carrière littéraire. Une situation plausible, presque banale, qui pourrait même tourner à la rédemption. Mais King étant à la manœuvre, on se doute que les choses vont forcément déraper.

L’ordinaire comme tremplin à l’anormal

Avant que l’horreur ne s’invite dans l’Overlook, King s’attarde sur la routine des  Torrance : les journées de travail de Jack, les jeux de Danny explorant l’hôtel, les discussions du couple. Et l’hiver qui s’installe, isolant lentement la famille du monde extérieur. Rien de spectaculaire : seulement un quotidien qui se resserre, presque imperceptiblement, en un huis clos propice aux dérapages.

Gradualité et dérèglement : l’art de Stephen King

Puis, en s’appuyant sur les failles de Jack et le don de Danny, King fait s’opérer un dérèglement inéluctable. Une présence diffuse dans l’hôtel ; un changement d’attitude de Jack qui s’englue dans l’écriture de sa pièce de théâtre ; des visions cauchemardesques assaillant l’enfant ; les conversations qui se muent en disputes ; une violence sourde à chaque coin de couloir. Jusqu’à ce que tout cela révèle l’emprise que l’Overlook exerce sur ses habitants. Là se trouve la fameuse gradualité : l’inquiétante dérive du normal vers l’anormal.

Entre deux mondes narratifs

La porosité entre les mondes nous amène tout naturellement à nous intéresser à un auteur dont l’univers compte lui aussi sa part d’étrangeté. Après Stephen King et sa maîtrise inégalée de la gradualité, impossible de ne pas se tourner vers Neil Gaiman, l’écrivain qui transforme chaque récit en passage secret vers le merveilleux. Là où King lézarde le réel, Gaiman l’illumine. Ensemble, ils révèlent aux débutants deux visages complémentaires de l’intelligence narrative.

Neil Gaiman : le maître de l’illusion trompeuse

Les menaces de l’illusion

Gaiman séduit par la proposition faite à son lecteur de découvrir, sous des dehors étranges, un univers merveilleux. À l’instar de King, il ancre ses personnages dans le réel avant de les exposer à des changements de repères qui les déstabilisent. Mais là où King joue sur l’angoisse, les mondes parallèles que Gaiman expose semblent d’abord combler les attentes les plus profondes de ses héros. Du moins jusqu’à ce que cette promesse de satisfaction se fissure et révèle une illusion trompeuse, porteuse de menaces.

Ce qu’un débutant peut en retenir

Une fois établis une cellule familiale ou un environnement dans lequel le lecteur se reconnaît, Gaiman fait émerger une frustration intime ou un inconfort psychologique chez le héros. À partir de là, il lui propose — ainsi qu’à nous — une échappatoire délicieusement séduisante. L’enjeu n’est pas seulement d’introduire un monde parallèle : c’est de montrer pourquoi il est tentant d’y entrer. Quels besoins ce monde semble-t-il combler mieux que la réalité ? En formulant ces questions, on éclaire d’un même geste la psyché du personnage et la fonction narrative de l’illusion. Cette tension entre ce que la vie ordinaire ne donne pas et ce que « l’autre côté » semble promettre constitue le cœur de l’effet Gaiman.

Comment appliquer « L’effet Gaiman »

L’exploitation efficace de l’effet Gaiman passe par l’identification d’un manque profond qui altère émotionnellement une part intime de votre personnage : solitude, absence de tendresse, besoin de reconnaissance insatisfait, peur d’être invisible aux yeux de ses proches, etc. Ensuite, créez une seconde réalité répondant précisément à ces fêlures intimes. Inutile de recourir à un univers entièrement magique : il suffit qu’il paraisse mieux que le réel sur un point crucial pour votre héros. Enfin, laissez les premiers signaux de la tromperie émerger très progressivement : la bouche qui semblait vouloir embrasser le personnage devient un piège insidieux se refermant lentement sur lui.

L’exemple Coraline : une illusion qui se fissure

Du merveilleux au menaçant

Dans Coraline, l’illusion fonctionne ainsi : la fillette se sent ignorée par ses parents ? Dans l’autre monde, l’autre mère cuisine pour elle, l’écoute quand ses vrais parents ne lui accordent qu’une oreille distraite, la valorise là où elle doit d’ordinaire se contenter d’un vague compliment. Coraline obtient ainsi exactement ce qu’elle croit désirer. Mais des accrocs minuscules retirent peu à peu le vernis de cette attention constante : un sourire dont la fixité provoque le malaise, un geste trop calculé, un silence qui s’éternise de façon gênante. C’est cette glissade subtile – du merveilleux au menaçant – qui donne au procédé toute sa puissance.

Pourquoi l’illusion révèle vos personnages

Toujours dans Coraline, la jeune héroïne franchit une « porte enchantée » menant à un ailleurs idéalisé. Pour un auteur débutant, l’objectif n’est pas de reproduire la magie, mais d’expliquer les mécanismes de la logique émotionnelle : l’illusion doit amplifier un désir existant, puis le dévoyer. L’autre mère désire rendre Coraline prisonnière pour toujours de son affection factice, pas la rendre heureuse. Le conte gothique de Gaiman révèle Coraline à elle-même et donne du relief à son personnage. En la confrontant à un imaginaire loin d’être neutre, il la renvoie à ses contradictions intimes, et à un choix : se contenter du réel imparfait ou succomber à l’illusion qui la dévore. Une plume novice trouvera là de quoi enrichir son personnage en le complexifiant de manière justifiée.

Habilité et réflexion

En observant King et Gaiman, on comprend pourquoi tant de débutants se tournent vers eux pour progresser : ils montrent combien la maîtrise d’un imaginaire s’élabore autour d’une compréhension fine du réel et des besoins psychologiques d’un personnage. La semaine prochaine, cette exploration se poursuivra avec deux autres auteurs dont les apprentis écrivains sont friands : Rowling et Murakami. Chacun révélant à sa manière comment transformer une histoire en expérience immersive, gageons qu’ils contribueront à rendre encore plus habile et réfléchie l’écriture de tous…

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