Le blog d'Esprit Livre

" Vous trouverez sur ce blog des informations sur les métiers de l'écriture, des chroniques littéraires , des textes de nos auteurs en formation, des guides et des conseils pour vous former, écrire et publier. " Jocelyne Barbas, écrivain, formatrice, fondatrice de L'esprit livre.

Où en êtes vous dans l'écriture ?

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Écrire pour exister

écrire pour exister

Sommaire

Écrire pour exister ? Abordons l’inestimable apport de l’écriture. Écrire aide à vivre, à penser sa vie en fortifiant son esprit, en le rendant libre et créatif.

Sans prendre un ton solennel, on peut s’interroger sur l’apport qu’a l’écriture dans notre existence. Comment étions-nous avant elle – avant de nous y mettre, s’entend ? Qu’est-ce que sa pratique a changé en chacun d’entre nous ? Entre catharsis et découverte de nous-même à travers notre capacité à donner du sens à notre vie par les mots, l’écriture est une aventure étrange. Elle nous dépasse plus souvent qu’on la domine mais peut à l’occasion révéler des qualités que nous ne soupçonnions pas posséder…

La marge du monde

Noircir la marge

Chez ceux la pratiquant régulièrement et depuis un certain moment, l’écriture constitue un repère dans leur existence et s’inscrit dans leur quotidien. Quelle que soit la circonstance nous ayant mené à l’art littéraire, je suppose que pour la plupart d’entre vous ce déclic est un acte fondateur occupant une place à part dans votre mémoire. Car à l’instar d’autres « premières fois », on devient différent à partir de l’instant où l’on couche une ligne sur le papier en dehors du cadre scolaire. C’est la prise de conscience d’un espace échappant à la perception d’une majorité de gens, un à-côté où ces derniers n’évoluent pas. La marge du monde que les écrivains noircissent pour en inventer d’autres.

L’écriture, un univers hermétique ?

Pas question ici de se donner des airs supérieurs par rapport aux personnes n’ayant pas le goût de l’écriture – car cela ne signifie pas qu’elles n’auraient pas autant, voire plus de talent que celles y consacrant tout ou une partie de leur temps. Simplement, difficile de nier que cela s’apparente à un univers parallèle hermétique pour qui, n’y trouvant aucun intérêt,  ne s’y est jamais aventuré. Je précise que j’écarte les velléités poétiques de l’adolescence, la tenue d’un journal intime ou autres griffonnages philosophiques sans lendemain. Certes des approches respectables de l’écriture, mais…

Du bois dont on fait les écrivains

…Des approches, seulement. Qui tiennent très éloignés de ce qu’est véritablement l’écriture ceux s’étant cantonnés à jeter quelques idées sur une feuille, sans aucune volonté de les développer afin de s’en nourrir ou d’alimenter d’autres réflexions. Le propre de ce qu’on accomplit sans désir de s’y investir est de n’entraîner nul changement en profondeur. Tout juste quelques élans suscitent-ils l’espoir qu’on puisse bien figurer dans le domaine littéraire, mais les sacrifices que ce dernier réclame vouent le dilettantisme à l’échec. De même que je ne me définirai jamais comme un ébéniste parce que j’ai un jour taillé un bout de bois, j’estime que n’est pas écrivain celui ne s’étant pas réalisé à travers des textes en se confrontant à ce qu’ils impliquent d’apprentissage de techniques et de maîtrise de savoir-faire.

L’écriture pas à pas

Ce qui rampe peut galoper

Je parle donc bien de la grande aventure littéraire, celle à laquelle on consacre des efforts significatifs et répétés. Celle amenant une restructuration intellectuelle, rien de moins. Celle qui nous fout par terre tout en nous maintenant debout. Écrire est d’ailleurs un des moyens permettant à notre esprit d’apprendre à marcher quand jusqu’alors il ne se déplaçait qu’à quatre pattes. Le périmètre de ses découvertes s’élargissant, les idées dont il ne mesurait pas l’étendue s’invitent soudain à portée de son pouvoir d’analyse et de formulation. Ce dévoilement, sans citer Heidegger parce qu’on n’a pas le temps, s’apparenterait presque à une révélation : une fois l’esprit debout, il peut galoper très vite. Et très loin.

Le hula hoop neuronal

Une révélation trouvant peut-être l’une de ses plus fortes résonances dans notre façon d’aborder la lecture au fur et à mesure qu’on en perçoit les rouages. Quand on se lance dans l’écriture, nos lectures prennent vraiment une autre dimension. Si lire permet d’améliorer ses écrits, écrire, c’est mieux comprendre ce qu’on lit. Un cercle vertueux agitant nos neurones façon hula hoop afin que nos pensées se déhanchent. Certaines personnes imaginent que lorsqu’on démonte la mécanique d’un roman, repérant l’astuce à laquelle un écrivain a recouru pour créer un effet, l’histoire perd de sa magie. Rien n’est moins faux. Dirait-on d’un mélomane qu’il perd en qualité d’écoute parce qu’il connaît le solfège sur le bout des doigts ? Au contraire, on l’envie de pouvoir apprécier chaque note jouée, et la façon dont elle est jouée. Ainsi, écrire donne du relief à nos observations comme à nos découvertes.

Trésors et butins de l’écriture

La compréhension la plus large possible de l’écriture permet d’en tirer bénéfice de manière optimale. Grâce aux connaissances qui la prolongent, elle est un excellent moyen d’appréhender divers problèmes allant bien au-delà de la seule littérature. Écrire, c’est avoir un tas de mots chapardés ici ou là en sa possession, un trésor entre les lèvres, un butin sous la langue. Savoir  agencer ce fatras textuel de manière efficace s’apprend pas à pas. On s’étonne parfois d’une répartie que nous n’aurions pas eue dix années plus tôt ou dix jours avant. Souvenez-vous de ces phrases malhabiles où les sentiments que vous vouliez exprimer restaient coincés dans votre gorge faute d’un vocabulaire fiable. Où vos émotions manquaient de logique. L’écriture nous rend justice sous bien des formes et dans bon nombre de situations, quand on a compris qu’elle ne nous accusait pas de l’avoir un temps dédaignée. Comme si elle savait qu’un jour ou l’autre, sur les longues routes où fleurissent les mots, elle nous prendrait en stop…

Ces changements qui nous font vivre

L’écriture nous change par tellement d’aspects qu’il serait utopique d’en dresser la liste – je n’envisageais pas en venir à bout dans cet article sachant que le sujet n’a pas été épuisé au fil des siècles ; et c’est tant mieux : ce qui tarde à livrer ses secrets cultive l’esprit de conquête sans lequel un écrivain ne saurait vivre, pas plus que son existence ne supporterait un monde qui ne change pas. Pour ceux qui me lisent aujourd’hui et qui hésitent encore à prendre la plume, je ne dirai qu’une chose : essayez. Vous verrez, c’est magique…

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