Le blog d'Esprit Livre

" Vous trouverez sur ce blog des informations sur les métiers de l'écriture, des chroniques littéraires , des textes de nos auteurs en formation, des guides et des conseils pour vous former, écrire et publier. " Jocelyne Barbas, écrivain, formatrice, fondatrice de L'esprit livre.

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Le plaisir d’écrire grâce aux exercices

Sommaire

On a vu que le fait de se livrer à des exercices enveloppait les pratiques littéraires les plus répandues en même temps que par le biais de quelques originalités rhétoriques et autres expérimentations dépassant le cadre classique de la littérature, des voies nouvelles s’ouvraient aux auteurs pour parfaire leur écriture.

Après avoir initialement tenté de vous convaincre du côté indispensable de la pratique d’exercices afin de progresser dans votre écriture, permettez-moi d’en passer une deuxième – pas une seconde – couche. Le mot « seconde », dans cette acception, réfutant l’idée qu’une troisième est à prévoir, alors que si. Comme ça, ce sera suffisamment étanche pour que mes phrases restent durablement à l’abri de votre esprit sans risque de fuites préjudiciables à la transmission de mon modeste savoir. Petits veinards, va !…

L’ouverture d’esprit sur le plaisir

Le plaisir dans l’exercice

Aborder un exercice doit avant tout se faire en privilégiant la notion de plaisir. Si on commence à se dire : « Ouais, bof, ça me parle pas trop les figures de style » ou autres, on se tournera naturellement vers les domaines où l’on possède des facilités, soit ceux susceptibles de nous rassurer tout en consacrant le moins d’efforts possible au sujet choisi. Quand l’apprentissage est fondé sur des craintes, des croyances en fait, c’est-à-dire sur la surestimation de nouvelles notions qu’on nous propose d’acquérir, il y a à la base un problème qu’il faut résoudre. Celui de l’ouverture d’esprit sur la vastitude des procédés littéraires. Et la volonté de s’y attaquer avec bravitude.

Dictionnaires et catapultes

« Vastitude » est du bon français labellisé, estampillé langage de nos terroirs par l’Académie française et blotti entre « vastement » et « va-t-en-guerre » dans le Grand Larousse illustré, dont je rappelle que sa taille et son poids conviendraient à merveille pour mettre à bas la plus redoutable des forteresses si on en employait des millions d’exemplaires comme projectiles pour balistes et autres catapultes. Mais « bravitude » est un pur produit made in China, bien que Marcel Aymé eût peut être envie d’y recourir lorsqu’il écrivit le passe-muraille. Je sais, j’ose des supputations à faire frémir les mandarins glissant le long des couloirs d’universités, mais j’arrête là, car telle la mandarine moyenne, je suis pressé. De me rendre au paragraphe suivant.

L’essoufflement pernicieux de la créativité

En ne faisant pas montre de l’ouverture d’esprit évoquée plus haut, on s’appuiera pour écrire une histoire sur une palette de connaissances limitées par notre peur de ne pas être à la hauteur de celles que nous ne maîtrisons pas. On réduira notre potentiel à quelques bases ne permettant pas de l’exploiter au maximum, d’où une stagnation qui, en toute logique, débouchera sur l’essoufflement de l’envie de créer. Lorsqu’on dit d’une technique qu’elle ne nous servira jamais dans notre écriture, premièrement on se trompe lourdement, ne serait-ce que, parce qu’à l’occasion, elle enrichira une phrase ou un paragraphe, la caractérisation d’un personnage ou le moyen de dynamiser une scène, etc., bref, l’amélioration globale de nos écrits.

Premièrement, du jour, secondement, au lendemain

Clou, marteau et baignoire

Souvent, ce qui ne nous sert pas un jour, on en a besoin le lendemain. Autrement dit, mieux vaut avoir un clou et un marteau au même moment. Oui, j’emprunte une des pensées profondes de Claude François pour éclairer mon propos, le tout sans employer un style ampoulé, c’est brillant. Quand je pense qu’on se casse la tête pour savoir comment faire des économies d’électricité alors qu’il suffit tout bêtement de dévisser une ampoule, on ferait mieux de s’aérer l’esprit en partant à la cueillette aux baies noires, ça nous mettrait de temps en temps un petit électrochoc aux neurones qui serait bénéfique à – presque – tout le monde…

Le rôle d’un ami

Secondement (souvenez-vous, il y avait un « premièrement » quelques lignes auparavant), il y a fort à parier que cet à priori repose sur un refus de se confronter à l’inconnu dans le sens où il bousculerait, voire affaiblirait ce que nous considérons comme des acquis fiables. Et pourquoi ne le seraient-ils pas, d’ailleurs : après tout, depuis que l’on a commencé à écrire, nous sommes parvenus à noircir des pages et des pages… d’un amateurisme ne s’étant jamais démenti faute d’un bagage technique apte à les rendre dignes d’intérêt. Je ne parle pas du cercle d’amis dont les compliments vous ont incité à poursuivre dans cette voie, non. Puisque ce sont vos amis. Enfin, si j’étais vous, ce n’est pas à eux que je ferais appel pour avoir un avis objectif et, surtout, précieux d’enseignements. Un ami doit vous consoler en cas d’échec, pas le provoquer.

Viser les aides avisées

Je n’émets aucun doute quant au fait que, parmi ces retours sur vos textes, certains étaient empreints d’une réelle sincérité, bien qu’un peu (trop ?) indulgents. Car il ne s’agissait pas de regards professionnels capables de détecter le côté bancal d’une histoire, sa structure disloquée, son vocabulaire indigent, ses ruptures de logique, son sujet rebattu, ses idées brouillonnes, sa cruelle absence de littérarité, bref, en un mot comme en cent : ses multiples carences. Je n’affirme pas que tous ces fléaux puissent s’abattre sur vos propres textes, mais que, à défaut de s’en être donné les moyens, un auteur amateur réalise plus que rarement un sans-faute s’il ne bénéficie pas d’aides extérieures avisées.

L’exigence protéiforme

La fumée des conseils confortables

Quand on a négligé d’apprendre à se servir d’outils littéraires professionnels – je ne parle pas des vagues conseils quasiment scolaires que les gens se rêvant écrivain vont en majorité picorer sur le Net – qui possède par ailleurs bien des qualités –, on s’installe dans un confort consensuel constitué pour la plus grande part de banalités tant fumeuses que rabâchées. Alors au moment de faire face à de véritables exercices conçus pour une écriture exigeante, on rechigne – et c’est compréhensible – à reconsidérer l’approche bohème, romantique, fiévreuse et pour tout dire idéalisée que certain(e)s ont de la littérature. En raison d’un « détail » qu’on occulte avec une facilité déconcertante quand on se lance…

Pas grand-chose, mais…

Oh, pas grand-chose. Mais quand même : écrire est un métier. À l’instar des autres, on ne le pratique pas avec professionnalisme en se satisfaisant de rudiments n’ayant jamais connu d’évolution. En ne s’étant jamais frotté à l’aspect protéiforme de l’écriture et aux états des lieux réactualisés de la littérature ainsi qu’aux diverses approches innovantes de son enseignement. Dire que les exercices en font intégralement partie relève d’un euphémisme s’imposant avec la force de l’évidence. Celles et ceux me faisant l’immense plaisir de me consacrer un peu de leur temps à lire mes articles sur ce blog ont dû se rendre compte d’un leitmotiv qui me tient à cœur et que je ne cesse de vous répéter depuis toutes ces années.

Le leitmotiv dans le sablier

Je vous le confie maintenant ? Et puis quoi encore. La patience, vous pensez que je l’ai apprise en passant mes journées à contempler un sablier en attendant, avant de le retourner, que le dernier grain de sable s’échoue avec la grâce de l’existence qui s’enfuit lentement en se déposant sur le petit tas poudreux qui n’attendait plus que lui ? L’image est poétique, mais la réponse est non. Recharger ses batteries est un exercice comme un autre, après tout, aussi vous ne me remercierez jamais assez de vous l’avoir enseigné en traînant des pieds tout le long d’un paragraphe afin de ménager un suspense n’en étant pas un puisque le leitmotiv dont il s’agit est celui tranquillement assis sur la première marche menant à la cage d’escalier du dessus : écrire est un métier.

L’écriture en prenant des gants

Asséner deux fois en deux paragraphes, c’est comme un crochet-uppercut foudroyant en boxe : ça marque. Et comme le disait avec justesse ce bon vieil Aristote : « L’excellence est un art que l’on n’atteint que par l’exercice constant. Nous sommes ce que nous faisons de manière répétée. L’excellence n’est donc pas une action, mais une habitude. » Si vous remplacez « l’excellence » par « l’écriture », vous verrez que l’acuité intellectuelle de cette pensée, si elle s’applique à de nombreux efforts consentis par l’homme, correspond aussi de façon impeccable au thème de cet article. La vie est parfois bien faite, hein ?

Ça gratte

Soyez contrariant

Il se pourrait que la plume vous démange en vous rappelant du mot palimpseste, dont la définition donnée par mon Larousse est on ne peut plus claire « Manuscrit sur parchemin dont la première écriture a été lavée ou grattée et sur lequel un nouveau texte a été écrit. ». Ça vient du grec « palimpsêtos », signifiant  « gratté de nouveau », autant dire qu’il n’y a pas besoin de faire la Révolution française et de guillotiner un roi pour avoir le sens du raccourci. Ah, on s’éloigne, pour le cou. Vous mettriez un « p » à cou, vous, vu le contexte ? Bon. Donc, l’idée de tirer d’un ancien texte un autre n’ayant strictement rien à voir ne date pas d’hier, mais vous pouvez vous adonner à cet exercice qu’on appellera désormais l’intertextualité. Elle regroupe divers exercices dont l’un revient à écrire pour manifester un avis contraire à celui de l’auteur. C’est pas rigolo, ça ?

Comment faire loucher un point de vue

Comme le faisait dire Jules Romains à Louis Jouvet, interprète du rôle principal dans sa fameuse pièce « Knock ou le Triomphe de la médecine : « Est-ce que ça vous chatouille, ou est-ce que ça vous gratouille ? ». Nul doute en effet que cela vous titille d’essayer de démonter les arguments d’un auteur faisant valoir son point de vue pour que le vôtre le conteste. Avec humour ou tout à fait sérieusement, l’enjeu ne se situant pas là, bien qu’un peu de fantaisie, voire de mauvaise foi, ne gâcherait en rien l’expérience. Peu importe également que votre rebuffade littéraire s’attarde sur un paragraphe, un chapitre ou même sur l’orientation générale de l’œuvre. Sous ses différents costumes, l’important est tailleur.

Une théorie punk

Remettre en question un texte écrit noir sur blanc pour l’écrire en quelque sorte blanc sur noir est formateur de par vos qualités à débusquer des failles dans le discours « adverse » et de les combler grâce à la mise en valeur de vos propres opinions. Il s’agit simplement d’une des nombreuses facettes de l’intertextualité dont la force créative ne vous aura pas échappé. Si l’on veut, cela s’apparente aux concours d’éloquence prenant leurs racines dans la Grèce Antique, joutes oratoires ayant connu plusieurs changements dans leurs buts recherchés et les moyens de les atteindre. Les dérivés de la rhétorique initiée par les Grecs vit Roland Barthes la qualifier de métalangage. Anecdote aussi courte que drolatique pour finir : afin de réunifier les théories de Barthes sur le sujet et celle de son origine grecque, les personnes se réclamant de la mode punk portèrent la Crète. Enfin, je crois…

 

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