Êtes-vous vraiment fait pour devenir écrivain ? L’intime conviction ne suffit pas pour répondre à cette question. Encore faut-il avoir une idée précise du métier…
Certains se lancent dans l’écriture sans voir plus loin que le bout de leur stylo. En se disant qu’il ne doit pas être si compliqué que ça d’aligner quelques paragraphes en vue de constituer un roman qu’un éditeur s’empressera d’inscrire à son catalogue. Simple comme bonjour. Ils se sentent une âme d’écrivain, un cœur d’encre et un souffle littéraire. Des idées ils en ont, et du talent, peut-être. Mais cela suffit-il ? Je vous propose qu’on se pose quelques questions afin de déterminer si vous possédez l’étoffe dont on coud les écrivains…
« Parce qu’écrire des livres, ce n’est pas rien : tout le monde sait écrire,
mais tout le monde n’est pas écrivain.»
La Vérité sur l’Affaire Harry Quebert – Joël Dicker
Êtes-vous prêt à écrire ?
Mobilisation générale !
Pour ne pas perdre son temps, il y a une question qu’on devrait se poser plus souvent avant de foncer tête baissée : suis-je vraiment fait pour ça ? Quelle que soit l’activité concernée, s’entend. Pour ce qui est de l’écriture, il faudrait même se la poser deux fois : la première pour être sûr qu’on a quelque chose d’intéressant à dire, la seconde pour se demander si l’on sera capable de parfaitement l’écrire. Oui, parfaitement. Je ne parle pas de cette perfection qui nulle part n’existe, mais de celle qui permet de mobiliser le meilleur en nous pour atteindre un but. Sans compter ce qui n’est pas en nous, ce qu’il nous faut apprendre. Je le précise, car certains confondent avoir de l’imagination et savoir écrire, ce qui n’est pas encore être écrivain, comme le souligne Joël Dicker. Êtes-vous prêt à devoir acquérir de nouvelles connaissances ?
Sénèque pour nous soutenir
On voit donc que le chemin est long avant de – peut-être – y parvenir. On se raccrochera à Sénèque si l’on souhaite malgré tout l’emprunter : « Ce n’est pas parce que les choses sont difficiles que nous n’osons pas, c’est parce que nous n’osons pas qu’elles sont difficiles. » Oser être écrivain, c’est se dire qu’il faudra y consacrer du temps chaque jour ou presque, et sans musarder. Je ne connais pas d’auteurs dignes de ce nom qui soient dilettantes. Penser qu’on va réussir à proposer un texte susceptible d’intéresser quelqu’un en ne s’astreignant pas à un travail régulier est illusoire. Et encore la régularité n’est-elle rien si elle n’est pas soutenue par une méthode et accompagnée d’une palette technique qu’il convient sans cesse de peaufiner et d’enrichir. Il faut consentir les efforts nécessaires pour se les approprier et les mettre en œuvre. Êtes-vous prêt à les accomplir ?
Une heure pour tout changer
Nous recommandons à nos stagiaires d’écrire au moins une heure par jour. Disposez-vous de cette heure ? En fait, si vous souhaitez devenir écrivain, c’est une question qui ne devrait même pas se poser : lorsqu’on désire plus que tout y arriver, cette heure-là, on trouve toujours le moyen de la caser dans le plus surchargé des plannings. Oh bien sûr, quand on rentre crevé du boulot et qu’il y a une émission divertissante à la télé, il est plus tentant de s’installer dans un bon canapé que devant sa feuille ou son ordinateur. C’est certain. Mais personne ne viendra écrire votre roman à votre place, pendant ce temps-là. Êtes-vous prêt à renoncer à quelques habitudes ne vous apportant strictement rien ?
Luttez contre le pour une fois
Réfléchissez-y bien. Le plus fâcheux est qu’en substituant ce moment de détente passif où votre intellect fait relâche à une activité cérébrale bien plus enrichissante et gratifiante, vous enverrez des messages négatifs à votre cerveau. Le pire de tous étant de vous dire que pour une fois, vous avez bien le droit de faire une exception. Qui se répétera le lendemain. La vie est faite de lendemains, mais pour se relire il faut avoir écrit la veille. Si vous vous dégagez du temps en vous débarrassant de ces rituels télévisuels ou radiophoniques qui empiètent sur votre volonté d’agir, vous serez gagnant. Mais êtes-vous prêt à consacrer au moins une heure chaque jour à l’écriture ?
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Les travaux forcés de l’écrivain
Sur la route
À me lire, certains d’entre vous vont se dire que je les condamne à ne plus avoir de loisirs. C’est l’inverse. Quand on veut devenir écrivain, écrire est la plus merveilleuse des choses. C’est un loisir professionnel. C’est aussi un casse-tête, on enrage de ne pas trouver les bons mots, notre intrigue fait des nœuds qu’il nous revient de défaire, l’inspiration ne monte pas toujours dans le même wagon que le nôtre, oui, je sais tout ça. Mais lorsqu’on parvient à boucler un paragraphe dont on est satisfait, on oublie ce qu’il nous en a coûté pour obtenir un tel résultat. Si on jette un coup d’œil dans le rétroviseur, on voit quel trajet on a parcouru et celui qu’il nous reste à faire. Un écrivain sait ça : il a pas mal de route devant lui.
L’échographie littéraire
Derrière nous les longs moments à modifier des phrases qui ne reflétaient pas fidèlement notre intention d’auteur. Loin de notre esprit les fouilles dans le dictionnaire quand aucun mot ne semblait convenir pour restituer avec exactitude le sentiment qu’on souhaitait partager. On a aligné huit ou quinze lignes dont on est fier, et ce qu’il a fallu pour quelles naissent est relégué hors de notre mémoire comme peuvent l’être les douleurs d’un accouchement. Seul le bébé compte. Je ne me suis jamais autant senti femme qu’en écrivant cette phrase !
Notre apport au monde
Alors, qu’est-ce que sont quelques moments de souffrances intellectuelles face à la satisfaction d’avoir engendré de la bonne littérature ? Vous êtes-vous déjà interrogé sur ce qu’on peut apporter au monde, en écrivant ? Si ce n’est pas le cas, vous n’êtes pas un écrivain et ne le serez jamais. J’ai bien conscience de ce qu’une telle assertion a de prétentieux, mais la littérature ne couve pas ses valeurs hors de ce nid : on écrit pour raconter des histoires, mais si elles ne sont que ça, si elles ne disent rien du monde qu’on fabrique et qui nous façonne, elles demeureront des mots sans substance.
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Les grandes idées
S’enrichir dans la contradiction
Si vous n’ambitionnez pas d’avoir de grandes idées, abstenez-vous d’écrire. Car c’est aussi ça, être écrivain : donner son avis quand personne ne vous le demande. Ce n’est pas la modestie qui vous sauvera. Vous ne ferez jamais un vrai écrivain si vous ne saisissez pas cette chance que la littérature vous offre : dire de quoi vos certitudes sont faites, même s’il n’y a qu’une personne pour vous lire. Si vous parvenez à la convaincre, à mon sens, vous serez un écrivain. Écrire, c’est briser des contradictions tout en prenant en compte ce en quoi elles nous enrichissent. Soyez convaincu que nous sommes faits pour avoir ces grandes idées, et qu’elles seront partagées si on les développe avec talent.
Jusqu’à la dernière ligne
J’ai peut-être eu l’air de vous engueuler, tout au long de cet article. Sûrement parce que je sais qu’il est dur de s’y mettre, et combien ont laissé passer leur chance. Pour tout vous dire, ça m’a parfois fichu en rogne de voir des gens ne pas se mettre sérieusement à l’écriture sous prétexte qu’ils avaient autre chose à faire. Alors accrochez-vous à ces derniers mots : vous voulez devenir écrivain ? Ne rêvez pas votre destin, faites-en sorte qu’il s’accomplisse. En bossant chaque jour sur votre texte, du matin au soir. Une idée vous vient ? Notez là. Une réplique qui vous passe par la tête ? Gardez là au chaud. Être écrivain est une affaire de chaque instant. Ce qu’on imagine se perdra si on ne l’écrit pas. Quand notre vie est un texte, on se doit d’en conserver toutes les lignes, jusqu’à la dernière…
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