La thérapie par l’écriture ? Si on me demandait de dresser une liste de synonymes d’écriture, mon premier mot serait immanquablement : thérapie. J’ajouterais révélation, travail, formation, inconscient, le Moi, … vous voyez mon topo ? En ces temps incertains où la menace de la Guerre en Ukraine est aux portes de l’Europe, avec son lot d’inquiétudes après avoir traversé ensemble une période de jachère sociale à cause de la pandémie, écrire est un moyen simple et à la portée de tous pour lutter contre la noirceur de l’actualité. Même pour moi, dans mon lointain Québec.
Faire taire la pie
Quand les angoisses obnubilent nos pensées, telle un oiseau bavard qui répète les mauvaises nouvelles, sortons notre plume pour le chasser. Voyageons hors de ce temps pour vivre une aventure palpitante où coule l’encre, peut-être un peu d’hémoglobine. Échangeons notre angoisse pour vivre celle d’un personnage.
Prendre soin de soi quotidiennement
À moi, de moi, avec tout mon amour
M’offrir du temps, rien que pour me faire du bien. Déballer les mots portant mes pensées sans me restreindre. C’est en me relisant que je découvre des facettes de mon Moi. Je fais connaissance avec mon inconscient. L’exercice d’écrire perd son côté fastidieux quand je mesure ma libération.
« Lorsque je suis sur la trace d’une pensée, j’ai besoin de l’écrire pour la penser réellement. À une période de ma vie, j’ai senti, plus ou moins confusément, que je me transformais, et j’ai écrit, pour savoir en quoi j’étais en train de me transformer. » Christian Garcin
« À travers ce propos de Garcin, on touche au besoin d’écrire pour lire en soi afin de mieux saisir les instants qui nous définissent. Son approche introspective se prolonge jusqu’à évoquer le souhait d’une disparition métaphorique au cœur de l’édifice de papier qu’il a pris le temps de bâtir au fil des années : « […] le désir enfoui de disparaître dans le centre obscur de mes livres. » Il serait trop réducteur d’inscrire sa démarche dans le convenu « l’écriture comme un refuge », car la fin très futée de son texte indique qu’il ne s’y blottira pas jusqu’à la dernière page, espérant au contraire en ressortir changé. »
Extrait de l’article de Frédéric Barbas : La quête de soi, 16 octobre 2020.
Apprendre à m’aimer comme je suis
« Au-delà du cas particulier de Garcin, cette volonté de se connaître par le biais de l’écriture concerne bon nombre d’auteurs. Se tient-on un langage de vérité lorsqu’on s’adresse à la part de nous qui n’apparaîtrait peut-être pas autrement ? Ou s’arrange-t-on avec ce que l’on peut supporter de savoir, ne laissant pas tout remonter d’entre les lignes ? Certaines facettes de notre personnalité irriguent en tout cas nos histoires de façon plus ou moins accentuée, parfois à notre insu, entre ce qu’on tente de déchiffrer de soi-même et ce qui transparaît de nous sous le regard des lecteurs. À la fois quête d’identité en filigrane et tentative de démasquage, le Pourquoi écrire renvoie pour une part au Pourquoi se lit-on/Comment est-on lu. »
Extrait de l’article de Frédéric Barbas : La quête de soi, 16 octobre 2020.
Autocontemplation journalière pour vivre dans le bonheur
La plus intéressante rencontre que je puisse faire, c’est avec moi, à travers mes textes.
« Or, on se rend assez vite compte du vide que laissent les périodes nous tenant trop longtemps éloigné d’un carnet ou d’un clavier. Du manque engendré par l’absence prolongée d’un effort créatif – à plus forte raison quand il est couronné de succès. Du moins les personnes étant attachées viscéralement à l’écriture s’en aperçoivent-elles. Les autres, pour qui cela revient au même de finir de noircir une page que de poser la dernière pièce permettant de reconstituer le motif d’un puzzle ne ressentiront aucunement ce creux à l’âme, ou sera-t-il vite comblé par une autre distraction. »
Extrait de l’article de Frédéric Barbas : Écrire, mais pourquoi ? 2 octobre 2020
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Nul besoin d’être malade pour prendre soin de soi : le bonheur est un acte de résistance
Quand écrire devient vite vital
« Les globules rouges assurent le transport de l’oxygène vers les différents organes : cœur, poumons, muscles. Les globules blancs ont pour rôle de défendre l’organisme contre les agressions extérieures.
D’une certaine manière, les mots sont les globules de l’écrivain. Ils l’oxygènent et constituent son système de défense lorsque des idées assiègent sa façon de penser au point de la mettre sens dessus dessous. Il respire mots, réagit mots. On pourrait donc estimer qu’il maîtrise ces respirations lexicales et ces réactions sémantiques au point de ne les employer qu’avec mesure et discernement. Mais la pratique assidue du vocabulaire sous toutes ses formes n’épargne à personne d’être sous l’empire d’émotions altérant la justesse de son propos. En clair, l’écrivain sensible ne mettra pas dans le mille, surtout s’il considère être du genre mâle avisé. »
Extrait de la lettre de nouvelle de l’article de Frédéric Barbas : Les mots et le contexte, 23 octobre 2020
L’écriture, une ressource pour mieux s’ouvrir sur le monde
« L’écriture permet de trouver des ressources étant en nous auxquelles nous n’accèderions pas autrement. Outre son aspect enrichissant de par les connaissances dont elle nous dote, et donc de l’ouverture sur le monde qu’elle suscite, elle provoque aussi des changements importants et favorables à notre personnalité. À la condition bien sûr de ne pas se focaliser sur des thèmes toxiques dénigrant telle personne ou telle culture pour des raisons douteuses. Je suis peut-être naïf – bien que j’en doute fortement –, mais il me semble qu’écrire doit partir d’un bon sentiment. Pas dans le sens où nous formerions, écrivains et lecteurs que nous sommes, un tout harmonieux utopique où nous convergerions vers une société idéale main dans la main, non. L’époque que nous traversons se dirigeait plutôt dans la société de la main dans la gueule, hélas. Mais… »
Extrait de l’article de Frédéric Barbas : Écrire pour se connaître et comprendre les autres, 14 juillet 2021
Chouchouter son égo pour séduire à nouveau
« J’ai l’intime conviction qu’un auteur ne désirant pas séduire son lectorat d’une manière ou d’une autre, ça n’existe pas. Au-delà de la part d’ego entrant en jeu dans cette relation si particulière, ceux qui écrivent ont quelque chose à prouver : qu’ils sont capables d’attirer l’intérêt sur eux par le brio qu’ils mettent à exprimer leur vision du monde. Que ce soit par le biais des histoires qu’ils racontent ou des réflexions en étant induites. En tant que lecteur, c’est toujours pour moi une véritable joie de déceler la somme de travail investie dans la formulation d’une idée, pour qu’elle ne soit pas que ça, justement. Donner son avis est une chose : j’aime ceci, je n’aime pas cela. On est d’accord ou pas, et ça s’arrête là. Mais exprimer un ressenti de telle sorte qu’un lecteur s’interroge avec un vif intérêt sur ce dont l’auteur lui fait part réclame de chaque côté une activité intellectuelle dense. Une séduction relevant du concentré d’imagination qui chez certains auteurs relève de l’admirable. »
Extrait de l’article de Frédéric Barbas : Faites-vous partie des lecteurs heureux ? 11 juin 2021
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Le bonheur d’écrire : une arme de combat pacifique
Écrire seul, c’est bien, mais en groupe dans le cadre d’une formation, c’est encore mieux. Étonnant ? Non. La passion d’écrire se cultive quand on la partage. Retrouver son humanité et la joie dans ces contacts ne cessent de nous enrichir et d’abreuver notre désir de vivre et d’écrire coûte que coûte.
RÉFÉRENCES
Désir d’écrire : la quête de soi – 3e partie de l’article https://esprit-livre.com/devenir-ecrivain/desir-d-ecrire-la-quete-de-soi-16-10-2020
Écrire, mais pourquoi ? – 1er partie de l’article https://esprit-livre.com/devenir-ecrivain/ecrire-mais-pourquoi-02-10-2020
Les mots et le contexte https://esprit-livre.com/devenir-ecrivain/les-mots-et-le-contexte-23-10-2020
Écrire pour se connaître et connaître les autres https://esprit-livre.com/devenir-ecrivain/ecrire-pour-se-connaitre-et-comprendre-les-autres-14-07-2021
Faites-vous partie des lecteurs heureux ? https://esprit-livre.com/litterature/faites-vous-partie-des-lecteurs-heureux-11-06-2021
Diane Lemay