Quiconque se lance dans l’aventure d’écrire se retrouve dans une situation de découvertes et d’enrichissements souvent insoupçonnés.
Première partie
L’écriture est un moyen exaltant de partir à l’aventure sans se coiffer d’un fédora traveller ni se munir d’un fouet au son duquel vos exploits claqueraient. Si vous tenez malgré tout à prendre Indy comme nom de plume, c’est bien tranquillement assis à votre table de travail que votre fauteuil vous permettra de dévaler les rails de l’imagination au cœur d’une mine qui tant compte de mystères. Saut dans l’inconnu, lâcher prise créatif, redéfinition du cadre de notre expression personnelle… décider d’écrire c’est, une bonne fois pour toutes, se lancer dans une incroyable expédition spirituelle…
La curiosité est un drôle d’oiseau
La marmite des mots
Qu’est-ce qui, un beau jour, vous a donc ainsi poussé à faire bouillir vos idées dans la marmite des mots ? La curiosité a souvent le sien à dire, qui vous surprend un stylo à la main tandis que votre pensée gagne en consistance dans l’épaisseur de l’encre. Celle avec laquelle vous avez calligraphié un petit morceau de votre univers mental. Pour voir à quoi ressemblait ce qui d’ordinaire dissimulé à l’ombre de votre crâne se révélait enfin à la lumière de votre regard. Oui, quel phénomène étrange de constater que nos doigts pensent à peu près la même chose que nous. Et de découvrir que de notre cerveau à nos phalanges, un processus subtil est à l’œuvre. Tels ces changements s’opérant entre nos représentations intellectuelles et leur concrétisation du noir de la réalité sur le blanc de l’inspiration. Voyons un peu de quel ordre peuvent être ces modifications…
Comme l’imaginaire sur la branche
Lorsqu’on voit du coin de l’œil un oiseau se poser sur une branche, on enregistre la fin de son vol parmi un feuillage plus ou moins dense. Puis, généralement, on passe à une autre activité plus constructive que de bayer aux corneilles alors que le quotidien nous réserve mille tâches censément utiles. Comme si écrire ne l’était pas. Comme si la curiosité ne nous construisait pas. Ah oui ? Quand on écrit, des précisions nous viennent autres que les évidences superficiellement accessibles. Notre imaginaire dit plus de choses que le simple fait d’apercevoir un piaf disparaître dans un cerisier. Écrire, c’est être celui qui regarde l’oiseau autant que se mettre à la place de l’oiseau qui nous regarde.
Le battement d’ailes de nos questions
Une phrase fixera sur la page la rugosité d’une écorce et les reflets moirés d’un plumage. Une sensation amènera un sentiment, qui hèlera une interrogation. Que ressent ce moineau dont les plumes ébouriffées de la dernière averse frôlent la nervure de feuilles encore luisantes de pluie ? Trouve-t-il un réconfort à ce contact, perché sur l’une des fourches humides de l’arbre ? Les senteurs du jardin exaltées par l’eau qui s’évapore alors que le soleil commence à réchauffer le sol l’enivrent-elles autant que le dernier battement d’ailes l’ayant mené là ? Nous a-t-il vu en passant, de ce brusque petit coup de tête dont il est coutumier, ou ne sommes-nous qu’une ombre dans son décor ? Oui, toutes ces questions peuvent venir quand la curiosité dont l’écriture se nourrit s’exerce au-delà du moment vécu. Être curieux, c’est déjà une aventure en soi. Écrire, c’est la prolonger.
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L’aventure d’un nouveau soi
Derrière cette porte, la quête de soi
L’écriture est une porte derrière laquelle se trouve une version légèrement différente de qui nous étions avant d’en franchir le seuil. À l’instar du miroir d’Alice, elle nous donne accès à un monde où certains repères changent. On ne s’éveille pas tout à fait de la même façon chaque matin une fois que le désir d’écrire nous anime. Qu’il convoque en nous des ressources nouvelles dont, au mieux, nous ne pouvions que subodorer la présence. On pourrait comparer ces ressources au maigre équipement dont un aventurier dispose le premier jour d’une quête dont il ignore combien de temps il lui faudra y consacrer. Bien que, s’agissant de l’écriture, la durée de cette quête soit la même pour tout le monde : jusqu’à la fin de nos jours. Et, année après année, le fourniment s’étoffe.
Topographie et typographie de la nouveauté
Notre aventureux projet de voyager loin en écriture doit souvent s’accommoder de départs précipités hors de notre zone de confort. C’est même souhaitable. On veut alors écarter les bras pour agrandir l’espace inédit se présentant soudain devant nous et écarquiller les yeux au maximum afin d’élargir nos horizons. Des efforts nécessaires pour embrasser la topographie d’un paysage intellectuel dont il nous revient de déchiffrer la surprenante typographie. Et tout d’un coup, ce langage cartographié donne du sens à la découverte de cet écrivain qui sommeillait en nous. La subite compréhension de cette version de nous qui patientait de l’autre côté de l’huis littéraire crée une énergie galvanisante. Ce qui est nouveau est beau, dit-on. L’écriture est en ce sens la permanence de la nouveauté.
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L’écriture, une séduisante inconnue
L’écriture toutes voiles dehors
Que connaît-on de l’écriture quand on ne la pratique pas ? Hormis la vision fantasmée qu’on nous en propose la plupart du temps, pas grand-chose en vérité. Mais dès que l’idée de s’y mettre commence à nous trotter dans la tête… on entrevoit son potentiel apport à notre existence. Si elle nous séduit d’abord par son aura envoûtante de terra incognita de notre subconscient, le nouvel environnement mental auquel on se familiarise peu à peu nous attire ensuite. Car c’est le moment où la possibilité de ne plus gaspiller l’écume du ressac de nos pensées se fait jour : non seulement notre façon de réfléchir va évoluer, mais on en conservera la trace de bien des façons. À nous les bouts de phrases notés à la va-vite sur un coin de feuille, l’ébauche d’un poème consigné dans un carnet, le sujet d’une nouvelle ou les grandes lignes d’un roman bien à l’abri d’un fichier informatique. À nous l’écriture fendant l’embrun des mots toutes voiles dehors…
Un voyage d’un pôle à l’autre
Je l’ai évoqué, il y a un avant et un après la prise de conscience de qui l’on est à travers l’acte d’écrire. S’il est courant de constater que voyager nous transforme, l’écriture est à ce titre une destination inconnue dont nous traçons le chemin qui y mène et les frontières la délimitant. Frontières mouvantes au gré de notre exploration aussi bien introspective que tournée vers cet ailleurs littéraire, soit deux pôles fascinants d’un univers que nous sommes amené à créer en même temps que nous en faisons partie.
La boucle de l’ubiquité
Il existe une interaction de tous les instants entre ces pôles formant une boucle d’autofiction. Ce que nous savons de nous dans la réalité se trouve d’une manière ou d’une autre projeté vers les personnages que l’on invente. L’ubiquité mentale est sûrement l’une des particularités les plus singulières de l’écriture. Mais aussi la preuve que cette dernière met notre esprit en mouvement d’une manière qu’on ne soupçonne pas tant qu’on n’a pas véritablement écrit. Alors qu’attendons-nous ?…
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Vous vivez ? Alors, écrivez…
La vie sans soudure
Les gens qui n’écrivent pas se privent d’un bonheur puissant. Alors rassemblez vos idées, prenez une feuille qui traîne, un stylo qui s’ennuie dans un tiroir, et écrivez. Il n’y a rien de compliqué à cela. Mais quoi écrire ? C’est une question qui revient souvent quand le sujet est abordé. Ce à quoi je réponds invariablement : vous arrive-t-il de vous demander quoi vivre ? Car c’est la même chose. Sauf qu’on ne s’arrête jamais à ce genre d’interrogation s’agissant d’avancer dans l’existence. On prend ce qui vient parce que c’est là, et on fait avec. C’est un sain et subtil mélange d’action et de réflexion. Une imbrication sans points de soudure, mais d’une solidité à toute épreuve, dans ce qu’il ne serait pas stupide de rapprocher du yin et du yang,
L’écriture dans l’escalier
L’écriture, c’est la même chose : une évidence incontournable constituée de tous ces trucs qu’on a dans la tête et qui ne sont pas faits pour y demeurer mais pour qu’on compose avec eux. Quelques-uns, peut-être, nécessitent de n’appartenir qu’à notre mémoire. Histoire de ne pas laisser notre jardin secret en jachère et de le cultiver aussi paisiblement qu’il doit l’être. Mais pour le reste, il nous revient de faire pousser nos idées en dehors de cette serre de confidentialité. Les paroles s’envolent là où l’écriture donne de l’altitude à nos pensées. Ce n’est pas qu’une vue de l’esprit, ou alors une vue aérienne. Mais on ne se grandit pas par le verbe pour toiser ceux qui nous lisent. Dans l’écriture comme dans tout, l’intelligence est un escalier qui doit servir à s’élever, pas à regarder les autres de haut…
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