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Comment booster votre pitch en vous inspirant des bandes-annonces de films  

Sommaire

Première partie  

Que vous écriviez un roman ou une nouvelle, il vous faudra tôt ou tard passer par une étape clé : donner aux gens l’envie de connaître l’histoire que vous avez imaginée. En littérature, on recourt au pitch, quand dans le monde cinématographique on utilise la bande-annonce. Deux formats courts, deux objectifs identiques : capter l’attention et déclencher la curiosité en un temps réduit. Comment ces procédés peuvent-ils s’enrichir l’un l’autre ? Inutile de vous faire mal au dos en vous penchant sur la question, j’ai effectué une cueillette de réponses susceptibles d’aider l’auteur débutant à éveiller l’intérêt de son lecteur…   

Deux raccourcis vers la même destination  

Parlez français, soyez martien  

Supposons que vous parliez parfaitement le français et le martien. Je sais, c’est une hypothèse assez audacieuse tant il est rare de rencontrer des gens pratiquant un français correct. Mais admettons. Eh bien, si tel était le cas, vous seriez de ceux capables d’évoquer le même sujet dans une langue différente, ce que sont à leur manière le pitch et la bande-annonce de film. Puisque ces deux procédés font preuve d’une semblable brièveté pour susciter l’envie de découvrir une histoire, voyons comment ils nous prennent dans leurs filets en un claquement de mots ou un clin d’œil visuel.  

Le pitch  

Le premier avantage du pitch est d’aider l’auteur à clarifier ses pensées, ce qui rejoint l’indispensable intention littéraire que chacun doit maîtriser et dont j’ai déjà vanté les mérites. Si l’écrivain effectue d’abord ce cheminement pour lui, il est évident qu’il n’en sera pas l’unique bénéficiaire. Outre le fait de se fixer un cap dont il se servira tout au long de l’écriture de son ouvrage, le pitch lui permettra d’amener son public à une compréhension rapide de son intrigue et le ton avec lequel elle sera traitée. En quelques lignes, il devra ainsi entrebâiller la porte menant à son univers… pour inciter le lecteur à l’ouvrir en grand.   

L’approche de l’accroche  

Un pitch bien construit peut adopter le rythme et l’impact émotionnel d’une bande-annonce. Comme une bande-annonce efficace s’appuie souvent sur la clarté et la concision propres à un bon pitch. Tout pareil. Une telle réciprocité confine au surnaturel, n’ayons pas peur de dire n’importe quoi. Bref, chaque procédé peut donc emprunter des techniques à l’autre pour se renforcer, sans perdre sa nature propre. C’est bon à savoir, mais c’est meilleur à appliquer. Ce que nous ferons en prenant comme support Les vestiges du jour, de Kazuo Ishiguro.  

L’art de la promesse  

Le pitch, comme la bande-annonce, trouvent leur force dans l’art de la promesse. Cette dernière, pour être attractive, doit annoncer avec clarté une histoire prenante, mais aussi cultiver le non-dit. La quatrième de couverture de Les vestiges du jour, tout autant que sa bande-annonce, sont des modèles du genre. Livrons-nous d’abord, pour une première analyse, à une lecture attentive de ce que les éditions Gallimard ont élaboré afin de mettre en valeur le petit bijou littéraire de Kazuo Ishiguro :  

  
« Les grands majordomes sont grands parce qu’ils ont la capacité d’habiter leur rôle professionnel, et de l’habiter autant que faire se peut ; ils ne se laissent pas ébranler par les événements extérieurs, fussent-ils surprenants, alarmants ou offensants. Ils portent leur professionnalisme comme un homme bien élevé porte son costume. C’est, je l’ai dit, une question de « dignité ».  » Stevens a passé sa vie à servir les autres, majordome pendant les années 1930 de l’influent Lord Darlington puis d’un riche Américain. Les temps ont changé et il n’est plus certain de satisfaire son employeur. Jusqu’à ce qu’il parte en voyage vers Miss Kenton, l’ancienne gouvernante qu’il aurait pu aimer, et songe face à la campagne anglaise au sens de sa loyauté et de ses choix passés… 

De la réussite d’une quatrième de couverture  

Une première phrase qui en dit long  

La phrase introductive est très importante. Non pas que le reste le soit moins, mais elle détermine déjà la tonalité du récit à travers la personnalité toute de rigueur et d’idéologie du métier exercé par Stevens, le majordome. Puisque c’est lui le narrateur de l’histoire, celle-ci sera donc interprétée via le prisme de ses valeurs, ce qui y apportera un point de vue particulier. Qui plus est, comme il s’agit d’une phrase extraite du roman, elle permet de mesurer le talent de l’auteur et d’appréhender son style.  

L’essentiel en quelques mots  

Ensuite, quelques temps forts intègrent un résumé à travers lequel se déploie une partie de l’intrigue. C’est concis, et rien n’est laissé au hasard. Après avoir défini de quel bois était fait le majordome, on l’essentialise en neuf mots : « Stevens a passé sa vie à servir les autres ». Si tout n’est pas dit, on sait à quoi s’en tenir. Son changement d’employeur a correspondu à un changement d’époque. Qui plus est, le contexte historique et l’évolution de Stevens dans son métier sont immédiatement précisés.    

Vous en avez trop dit…  

Enfin, l’élément déclencheur – le voyage pour revoir Miss Kenton – est révélé, en même temps qu’est soulignée l’introspection que ce déplacement va provoquer chez Stevens. À la recherche de son passé ou cherchant à le fuir – à le réinventer ? –, il entame une quête à plusieurs niveaux. Son aventure personnelle débute sans qu’en soient dévoilés tous les enjeux. D’anciens choix sont évoqués ; le majordome vieillissant aurait-il commis des erreurs irréparables ou pris des décisions discutables ? Le pitch doit suggérer un grand potentiel romanesque tout en démangeant l’esprit du lecteur en y faisant germer la graine du fameux « Vous en avez trop dit, ou pas assez ».  

Côté caméra  

Bienvenue à Darlington Hall  

La bande-annonce, quant à elle, instaure d’emblée une ambiance feutrée où l’élégance le dispute à la mélancolie. Les intérieurs de Darlington Hall plongent le spectateur dans un microcosme cossu où des scènes signifiantes et des plans étudiés mettent en lumière l’impeccable organisation domestique de la vaste demeure – et les intrigues qui s’y nouent. L’ensemble rend justice à l’idée de devoir et de dignité de l’univers où Stevens règne en maître –  après lord Darlington. Aucun doute, par rapport au roman, on est au bon endroit, baigné dans l’atmosphère d’un monde à part, riche, aux conventions millimétrées et aux rôles immuablement attribués – et figés – par la tradition.    

Le jeu des jeux  

La superbe performance des acteurs principaux – Anthony Hopkins et Emma Thompson – participe à merveille de la restitution de ce qu’a si bien décrit Ishiguro : une attirance latente tissée dans des jeux de regards et des non-dits, toile dans laquelle les sentiments s’engluent, se débattent, s’épuisent. La retenue de Stevens, l’impertinence mêlée de respect caractérisant Miss Kenton, crèvent ainsi l’écran en une poignée d’images. Ces dernières se confondent sans peine avec celles que nous avions fabriquées au fil des pages parcourues. Une réussite.  

Le pitch, une vitrine  

J’ai à présent fini de déblayer le terrain, en quelque sorte. N’est-elle pas charmante, cette vue désormais dégagée sur la seconde partie de cet article ? Bien sûr, on ne la distingue pas encore très bien. Une semaine nous en sépare. Je peux toutefois vous dire de quoi elle traitera : J’aborderai de façon détaillée comment étoffer son pitch et optimiser son impact en s’inspirant de tous les éléments faisant l’attrait de la bande-annonce. Point par point. Voilà pour l’axe principal. Pour les détails, passez donc me voir ! Ce qu’il n’y a pas dans la vitrine se trouve à l’intérieur… 

 

  

   

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