Le blog d'Esprit Livre

" Vous trouverez sur ce blog des informations sur les métiers de l'écriture, des chroniques littéraires , des textes de nos auteurs en formation, des guides et des conseils pour vous former, écrire et publier. " Jocelyne Barbas, écrivain, formatrice, fondatrice de L'esprit livre.

Où en êtes vous dans l'écriture ?

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Apprendre à écrire en choisissant bien ses mots

Sommaire

Apprendre à écrire ? Mais si! Parce qu’on ne naît pas auteur, on le devient. Feue Dominique Beck, auteur et formateur affilié à L’esprit-Livre, disait : « Ceux qui se sentent arrivés n’étaient finalement pas partis loin. »

Quand on est un chouïa humble, on se rend compte qu’avoir une idée d’histoire est un bon début, et que c’est dans la transmission de cette inspiration que se voit le vrai travail de l’écrivain et pas que pendant l’écriture. Le travail préparatoire inclut une étape primordiale : lire ! Pas n’importe quoi ni n’importe comment…

Apprendre à lire

Dans une entrevue télévisée Victor Lévy-Beaulieu a demandé à un jeune auteur co-panelliste s’il lisait. La réponse a fusé : « Non. » Et l’éditeur d’expérience de lui répliquer : « Pour savoir écrire, il faut d’abord lire. » Je suis en accord avec cette affirmation. Au-delà du plaisir de plonger dans un univers, la lecture devient une école qui forme notre regard et aiguise notre sens critique.

Distinguer la mécanique

Lire beaucoup ou pas ? Si notre but est de lire suffisamment pour comprendre le mécanisme d’écriture d’un auteur, il est profitable de le voir en opération sur plusieurs textes. Avec le temps, on aborde une lecture comme si on branchait notre cerveau sur celui de l’auteur pour faire une sorte de transfert de fichiers.

Lire, je veux bien, mais quoi ?

Tout ? … non. Le type d’auteur qui écrit au fil de la plume ne démontre aucune méthode, aucun secret. Le lire avec l’idée d’apprendre devient inutile. Notre choix penchera naturellement vers un genre qui nous ressemble. Sans copier le procédé, on s’en inspire pour développer notre propre style.

Sauf pour l’inimitable La Fontaine de qui Albalat dit qu’il a su garder le secret sur la construction de ses phrases.

Comment ?

En lisant avec un esprit critique. Qu’est-ce que ça mange en hiver un esprit critique ?  Des histoires au-delà du contenu. Le pitch. Le synopsis. L’articulation des transitions. La construction des phrases. Le registre. Même notre propre jugement ! On questionne, on remet en question, on réécrit ce qu’on lit, juste pour voir si on aurait fait mieux.

Personnellement, un mot qui me fait grimacer dans une lecture est l’adjectif « parfait ». Presqu’au point du frisson de dégoût. Rien n’est parfait. Au point, à son goût, à son meilleur, je veux bien, mais encore ! Démontrez-moi !

Cet œil critique deviendra naturel et applicable à vos propres textes. Alors vous saurez que vous avez appris à lire.

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Pour apprendre à dire

On lit.

On note ce qu’on lit.

On retient ce qu’on note.

On applique ce qu’on retient.  

Comme des perles

Les mots choisis quand on écrit doivent être comme autant de perles. Chacun sélectionné avec soin parce qu’il est l’unique. Celui qui a le sens le plus juste, comme l’a écrit Frédéric Barbas :

« Un mot n’est pas une technique littéraire, ni une construction. C’est pourtant la pierre sans laquelle aucun édifice littéraire ne peut être érigé. Et comme toute pierre de tout édifice, on doit l’ajuster au millimètre. Si le mot manque de justesse par rapport au contexte dans lequel il est employé, il y aura une déperdition non négligeable du sens et/ou de l’impact de la phrase qui l’accueille. Elle sera terminée, mais pas achevée. »

Les mots trop recherchés (ou ampoulés), dans une tentative de démontrer une richesse de vocabulaire, peuvent, au contraire, vider le sens de la phrase… et l’intérêt du lecteur.

Agencer pour mettre en valeur

Le mot le meilleur est celui qui met la phrase en valeur, sans dépareiller les mots qui le côtoient. En somme, c’est une relation idéale, comme devrait être la vie où chacun aide son prochain à développer son potentiel et devenir meilleur. Leur agencement est capital. Je cite à nouveau un extrait d’un article de Frédéric Barbas :

« Une phrase, entre ses frontières que sont la majuscule et le point, se doit d’être à chaque fois le condensé du talent de l’auteur. Ce qu’il inventera après sera à l’aune de l’élan qu’il a impulsé. Vous qui écrivez, n’oubliez pas qu’à chaque phrase vous avez tout à prouver. »

Une fois qu’on connaît les rôles du paragraphe, comment louper ?

Toutes ces phrases, comme autant de colliers de mots, ravissent les admirateurs qui peinent à fermer cette vitrine de papier. Le premier devoir de chaque phrase est d’annoncer l’intention de l’auteur, autant que donner l’envie de poursuivre notre lecture.

Les phrases d’un même paragraphe développent une seule idée. Comme pour les mots, celle-ci doit s’arrimer à l’idée précédente et stimuler l’envie de poursuivre l’aventure pour connaître l’aboutissement de ce qu’elle nous promet.

La construction d’un paragraphe est basique : un début, un milieu et une fin. Vous trouvez ça trop simple ? Si je vous dis que ceux qui la trouvent difficile au point d’en faire l’impasse servent des textes construits à la Numérobis ! Le résultat est que le lecteur fait l’impasse à son tour et abandonne.

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Et enfin, apprendre à écrire

Écrire avec style

Il est question ici de votre signature, à quoi on reconnait votre façon de traiter votre idée et non d’une forme de pédantisme avec outrance de périphrases et de grands mots. Maux ? Les décorations, ça peut être beau et agréable. Sauf que trop de fions tuent le texte et personne n’aime lire un texte sans texture. Tout abus n’est pas bon.

Trancher dans le gras

Victor Hugo disait quelque chose du genre par rapport à l’écriture : « Pour faire court, il faut d’abord faire long. » Traduit, ça donne: on écrit. Ensuite on sort le coupe-coupe pour retirer les surplus et on se ficelle un beau rôti du roi à servir à la famille le dimanche soir. Juste assez maigre, mais tout à fait goûteux.

S’affirmer

Frédéric Barbas conclut son article « Avez-vous un style d’écriture » avec : « je peux au moins affirmer une chose : si vous êtes honnête avec vous-même et envers votre lecteur, si vous ne cherchez pas à épater la galerie, mais bien à transmettre votre amour de ce métier, vous aurez du style. Celui des gens sincères. Autant qu’un auteur puisse l’être, du moins… »

On apprend des grands, de ceux qui durent dans le temps et qu’on cite. L’école de la vie nous montre les succès : à reproduire et les échecs : à éviter. Comme vous et moi sommes inscrits au département d’écriture, et nos modèles étant des auteurs. Pas le choix !

Pour apprendre d’eux, il faut lire !

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