Le blog d'Esprit Livre

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Comment présenter un personnage littéraire grâce à une scène marquante

Sommaire

On n’a pas deux fois l’occasion d’introduire un personnage dans une histoire. Si on ne soigne pas son entrée en scène, le risque est grand qu’il soit relégué loin du centre d’intérêt du lecteur. Et de sa mémoire. Pour l’ancrer durablement dans son esprit, l’auteur dispose d’une technique efficace : intégrer la première apparition de son personnage à une scène marquante. Un sujet méritant réflexion, laquelle sera illustrée par quelques exemples d’auteurs ayant enrichi la littérature de héros inoubliables…   

De l’importance de la scène introductive 

De l’impact 

La présentation d’un personnage doit être liée à la volonté de créer un impact émotionnel de quelque nature soit-il. Une scène naturellement chargée en émotion, tel un enterrement, n’offrira un contexte propice à l’émergence de sentiments puissants qu’à une condition : ne pas demeurer figé dans les clichés récurrents propres à ce registre. Ainsi sera-t-on bien inspiré de dépoussiérer les figures imposées que sont l’arrivée solennel du cercueil, le recueillement de l’assemblée tandis que l’officiant chante les louanges du défunt, la poétisation à outrance de la mort, etc.  

Les gonds du cercueil 

S’il y en a un qui a ouvert le couvercle du cercueil sans se soucier de l’apparat, c’est bien Albert Camus dans L’étranger. Il s’agit, hors de toute une littérature convenue, d’un modèle du genre de scène introductive de son personnage, Meursault. Et ce dès les deux premières phrases de son roman, demeurées célèbres : « Aujourd’hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. » Par la suite, sur une vingtaine de pages, le fait que le rituel funèbre le laisse quasiment de marbre, si je puis dire, est une façon de traiter l’événement qui frappe l’imagination. 

Un coup de maître 

En exploitant le contexte d’une manière inattendue, Camus confère une étrange stature à son personnage. Meursault n’est pas fait comme tout le monde, ou réagit au deuil avec un détachement qui interroge. Il a presque l’air d’un observateur extérieur sans lien véritable avec la défunte, dont il ne souhaite pas voir la dépouille. En raison de cela, on se souviendra de lui avant même de comprendre ce qui l’anime et qui sera développé tout au long du roman. Deux phrases, une longue scène funéraire comme hors du temps, un homme dont le comportement interpelle : un coup de maître qui incite à poursuivre sa lecture.  

De la nécessité de créer une scène révélatrice 

La métamorphose d’une scène 

Pour être marquante, une scène doit révéler quelque chose du personnage. Une fois que le lecteur l’a lue, il faut que s’impose à lui un trait de caractère mémorable du protagoniste présenté. Et si possible, un élément donnant déjà une direction à l’histoire, le ton sur lequel elle peut être traitée par le biais mis en exergue.  C’est ainsi que Franz Kafka procède dans La métamorphose. Pour ce faire, il introduit son véritable sujet par un événement surnaturel dont on saisit rapidement la fonction de prétexte permettant de raconter l’aliénation sociale de son héros. 

L’insecte qui cachait des monstres 

Débutant sa nouvelle en informant son lecteur de la transformation de Gregor Samsa en insecte, Kafka ne fait qu’ouvrir une brèche sur une autre forme de monstruosité, celle bien humaine de la famille et de l’entourage du pauvre homme. Ce dernier, une fois le premier choc passé, pense avant tout à son emploi de vendeur de commerce qu’il occupe sans rien en apprécier. Ses préoccupations du moment, plutôt que d’être dirigées vers sa métamorphose, se tournent plus vers le fait que cela l’empêche de prendre son train pour se rendre à son travail.  

Hors du cercle 

La véritable révélation est que Gregor subit le poids du devoir, celui d’exister uniquement pour subvenir aux besoins de ses proches. Ce n’est pas tant le fait d’être devenu un insecte qui l’horrifie, mais que cet étrange phénomène lui fasse perdre toute utilité au sein du cercle familial. En mettant immédiatement l’accent sur le désarroi s’emparant de Gregor à l’idée d’être viré de son boulot, puis en dessinant peu à peu le rôle sacrificiel qu’il occupe au milieu des siens, Kafka alimente d’emblée le sous-texte de son récit.  

De l’irrationnel à la réalité 

Le mécanisme narratif mis en place par l’auteur est d’une maîtrise implacable : l’attention est immédiatement retenue par cette métamorphose tant choquante qu’inexpliquée avant qu’un basculement s’opère. On glisse ainsi de l’irrationnel à la triste réalité d’un homme exploité par ses proches. Par petites touches, l’humanité de Gregor ressort en même temps qu’elle déserte celles et ceux dont il garantissait jusqu’alors un confort social. On s’en doute, cette progression/régression glaçante de cynisme et de cruauté se grave sans peine dans le souvenir du lecteur.  

Une étude magnifique 

La semaine prochaine, nous serons en compagnie d’Arthur Conan Doyle et de Francis Scott Fitzgerald pour continuer à examiner les divers moyens de mettre votre personnage dans la lumière en l’exposant sous les projecteurs d’une scène marquante. Il sera notamment question de focalisation forte par le biais du narrateur en se penchant sur Une étude en rouge et sur Gatsby le magnifique. Ce sera donc en toute logique l’occasion de faire de ce sujet une étude magnifique…  

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