Pourquoi créer un personnage réaliste est essentiel
Trop souvent, les débutants créent des personnages stéréotypés. Prévisibles et plats, ils peinent à exister dans le récit et, logiquement, ne captivent pas le lecteur. Dans cet article, grâce à des exemples concrets, vous allez acquérir les bases essentielles pour leur donner une réelle épaisseur. De quoi commencer dès aujourd’hui à rendre enfin vos personnages vivants et attrayants.
Définir le caractère principal
Identifier les traits marquants
Afin d’être certain de savoir qui est réellement votre personnage, vous devez être capable d’en brosser un portrait éclair. Inutile d’en tartiner des pages : allez à l’essentiel avec trois ou quatre traits de caractère qui le rendent immédiatement reconnaissable. Vous y êtes parvenu ? Si vous avez éprouvé des difficultés à le définir avec concision, la leçon s’impose d’elle-même : il est encore « incomplet », insuffisamment maturé. C’est là qu’un drapeau rouge doit s’agiter dans votre esprit.
S’inspirer d’un modèle : Harry Potter
Si vous manquez de pratique ou d’inspiration pour élaborer son ossature émotionnelle, référez-vous à un héros célèbre de la littérature et demandez-vous quels en sont les caractéristiques les plus saillantes. Ce sont ces évidences qu’il vous appartiendra ensuite de dégager chez le personnage censé être le moteur de votre récit. Prenons par exemple un sorcier bien connu : Harry Potter. Courageux, loyal, impulsif et torturé. Voyons en quoi cette simple liste est précieuse.
Assurer la cohérence du personnage
On peut déjà élaborer en partie son impact dans la saga imaginée par J. K. Rowling en s’appuyant sur ces quatre adjectifs. Ils orientent ses choix tout au long de ses aventures et déterminent, avec cohérence, les raisons pour lesquelles il agit plutôt qu’autrement. D’un tome à l’autre, il ne dévie jamais de ce que sa personnalité implique. C’est important pour l’auteur, qui s’y réfère afin de conserver une continuité logique, et pour le lecteur, qui le voit évoluer tout en demeurant fidèle à ses convictions.
Jouez sur les contradictions du personnage pour le rendre vivant
L’ambiguïté comme élément de relief
Même soigneusement caractérisé, un personnage peut – et doit parfois – surprendre en agissant à rebours de ce que le lecteur croyait savoir de lui. Cette ambiguïté, loin de brouiller son portrait, lui donne du relief : elle pousse le lecteur à s’interroger, à rester attentif à ce qui pourrait le détromper ou non. Pour illustrer ce principe, empruntons un couloir mal éclairé de Poudlard et observons à la dérobée – la prudence s’impose, sait-on jamais – l’un des professeurs les plus déroutants et les plus sombrement charismatiques du château : Severus Rogue.
Exemple : Severus Rogue
Rogue possède une aura particulière : ses gestes, ses alliances et ses intentions sont restés opaques jusqu’au dernier tome, attisant à la fois l’intérêt et la suspicion qu’il inspirait. La contradiction qui l’habite – un amour inavoué pour Lily et un rejet féroce d’Harry – fait de lui un homme dissimulant sa douleur derrière la dureté. Ce flou moral, constitutif de sa personnalité, nourrit la tension narrative et explique pourquoi il a marqué les lecteurs… aussi durablement que la marque des Mangemorts.
Créer une faille crédible
À l’image de ce cher Severus, introduire une nuance qui contredit l’attitude habituelle de votre personnage renforcera son incarnation. Il faut pour ça surprendre le lecteur par une réaction inattendue, mais crédible. Pour la trouver, partez de son trait dominant et imaginez une situation forte – intime, urgente ou déchirante – qui pourrait le pousser à agir à contre-courant de qui il est. Cette faille, loin de trahir sa nature, en révèle simplement la profondeur.
Étonnez votre lecteur
Cette utilisation du contrepied est idéale pour libérer votre personnage des carcans de l’archétype. Imaginez ce qui pourrait forcer une personne prudente à prendre un risque insensé, ou pousser un mufle à s’excuser sincèrement. Choisissez un contexte où cette réaction devient possible, presque inévitable, et laissez-la éclater au bon moment. Un personnage capable de surprendre est un personnage que le lecteur n’oublie pas. S’il est surpris, il reste. S’il reste, il s’attache.
Comprendre les motivations profondes du personnage
Définir le « pourquoi » derrière chaque action
Surprendre n’est cependant pas tout : pour qu’une réaction inattendue soit crédible, elle doit reposer sur un socle solide. On entre ici dans la zone sensible du « pourquoi ». Qu’est-ce que votre personnage veut vraiment ? Même doté d’un caractère marqué et de nuances travaillées, il ne prend vie que s’il avance, porté par un moteur intérieur. Sans objectif, il se retrouve relégué à un rôle presque décoratif, vite ramené au cliché que tout auteur débutant doit apprendre à repérer… et à réduire en poudre. Magique, de préférence.
Une motivation claire change le statut du personnage
Dès qu’un personnage possède une motivation claire – parfois viscérale –, tout change. Il choisit, tente, échoue… et recommence. Il instaure un cycle narratif qui fait s’ébranler le récit, puis imprime peu à peu son propre rythme à l’histoire. C’est ce qu’on appelle la force du but : elle conditionne sa place, influence chacune de ses décisions et infléchit même le monde qui l’entoure. Hermione Granger en est un exemple frappant : sa volonté farouche d’exceller transcende son statut de « bonne élève » en alliée essentielle dans la lutte contre Voldemort.
Oups… je crois bien que je viens de prononcer son nom.
Exemple : Hermione Granger
Hermione illustre donc parfaitement ce qui précède : son désir instinctif de protéger ses amis, motivation profonde s’il en est, entre parfois en conflit avec le contrôle permanent qu’elle s’impose. Cela la conduit à prendre des initiatives risquées dont les répercussions font avancer l’histoire et révèlent sa détermination. C’est cette capacité à agir sous l’effet de l’impulsion tout en restant fidèle à elle-même qui la rend attachante – et profondément vivante – aux yeux du lecteur.
Le poète et l’architecte
Voilà déjà de quoi commencer à bâtir un personnage ayant du caractère, ne craignant pas la contradiction, et trouvant des ressources parfois insoupçonnées quand sa motivation l’emporte sur le reste. Une structure solide qu’on enrichira la semaine prochaine en abordant d’autres aspects tout aussi essentiels à sa construction. Un écrivain, c’est un architecte qui rencontre un poète…




