Le blog d'Esprit Livre

" Vous trouverez sur ce blog des informations sur les métiers de l'écriture, des chroniques littéraires , des textes de nos auteurs en formation, des guides et des conseils pour vous former, écrire et publier. " Jocelyne Barbas, écrivain, formatrice, fondatrice de L'esprit livre.

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Des best sellers sur vos tablettes

Sommaire

Si une seule recette pour écrire des best sellers existait, tous les bouquins deviendraient ordinaires, voire manquant de saveur. Heureusement, chaque auteur met son grain de sel personnel qui nous fait aimer ou non et en redemander encore. Cet assaisonnement, alias le style, se développe et fleurie une fois maîtrisés les techniques d’écriture au point de s’en servir inconsciemment. Voyons ensemble l’épice propre de trois grands écrivains : Joseph Mitchell, John Irving et Don Leavy.

Joseph Mitchell

Le voyage au coeur de chaque instant

On dit communément de certains auteurs qu’ils nous font voyager. Le cœur de Mitchell est en soi une destination, chacun de ses battements martelant son profond attachement à la Grosse Pomme. En le lisant, on apprend beaucoup sur l’âme de la célèbre mégalopole : ses petits destins, surtout ; le murmure de chaque brique dont il était l’inattendu collectionneur. Je recommande chaudement la biographie de Thomas Kunkel, « L’homme aux portraits », pour comprendre tout ce qu’il y avait de fascinant chez lui.

L’homme du port

Mais là, je tenais à parler de son style si particulier. On sait qu’on n’a pas affaire à un auteur inoffensif, en débutant « Le fond du port ». Pas le genre à porter des coups violents, mais plutôt capable de travailler son lecteur en finesse, pour le mettre knock-out d’un bonheur incertain. Il parle de tout et de rien, notre étrange Joseph. Les détails sont faits pour lui. Nous faire apparaître un vieux patron de café sous divers jours lui est facile ; comme de parler avec éloquence d’un cimetière, et se montrer en mesure qu’on lui emboîte le pas dans des allées fleuries : « Mais invariablement, pour une raison que j’ignore et que je tiens à continuer d’ignorer, après avoir passé environ une heure dans un de ces cimetières à regarder les ornements de ces tombes, à en lire les inscriptions, à identifier les fleurs sauvages, à faire détaler les lapins cachés dans les mauvaises herbes et à penser à cette fin qui m’attend comme elle nous attend tous, je suis envahi par une certaine joie et pars dans une longue promenade. »

La vie grouillante partout

Ce territoire des morts est grouillant de vie, sous sa plume si digeste. Il photographie sa réalité en quelques mots empreints de l’insouciance des gens perdus, jetant ses pensées dans des corbillards. Son regard de journaliste capte tout ; il imagine le meilleur des assemblages pour que ce dont il semble être le dépositaire soit perçu de façon optimale, à son lent rythme d’observateur érudit.

Des phrases simples, souvent. Abreuvées de la philosophie d’un homme songeur, doté d’une vue d’ensemble sur son époque comme peu en sont bénéficiaires. C’est à la fois le fleuve Hudson et l’Atlantique, Mitchell : des courants faussement paresseux et la houle des sentiments ombrés de sa Skyline personnelle, ces choses qu’il avait en tête et qui l’assombrissaient parfois.

« Là-haut dans le vieil hôtel » commence ainsi : « De temps en temps, quand je cherche à me chasser de l’esprit certaines pensées sinistres ou trop mortifères, je me lève de bonne heure et descends au marché aux poissons de Fulton Street. »

Il avait ses tristesses et quelques refuges pour les accueillir.

Lisez ce que Mitchell a été pour New York. Rares sont les écrivains qui bâtissent ce qu’on ne peut visiter, et dont on se souvient pourtant aussi durablement que l’Empire State Building.

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L’explosion ouatée d’un talent brut : John Irving

Né en 1942, John Irving, bien qu’avançant en âge, demeure un écrivain puissant et généreux comme en témoigne son dernier effort, « Avenue des mystères », soit un treizième roman, contre un unique recueil de nouvelles, « Les rêves des autres ».
Chacun de ses livres vous explose à la figure, mais c’est une déflagration subtile, alliant douceur, complicité, bizarrerie, originalité, introspection et, par moments, un souffle de violence. Il creuse ses personnages comme peu savent le faire, abordant des thèmes ardus avec une vision affûtée : l’adolescence, la sexualité, l’absence du père, la mort, la difficulté d’être, le tout traité avec un humour teinté de gravité, si la chose est possible, et en tout cas de profondeur. On pourrait penser que, sans le faire exprès, il est devenu inimitable. Quel autre écrivain que lui a pour animal totem un ours ? Quel autre écrivain a pratiqué la lutte à haut niveau au point d’envisager une carrière professionnelle ? Quel autre écrivain peut à la fois se réclamer de Charles Dickens, Günter Grass ou Nathaniel Hawthorne ? Personne. Inimitable, oui.

Garp à vous !

C’est en 1978 que son heure sonne, quand paraît « Le monde selon Garp ». Avant ça, ses trois premiers romans n’ont obtenu qu’un succès d’estime, l’amenant à changer d’éditeur, passant ainsi de Random House à Dutton Books, qui l’assure d’un meilleur impact commercial. Promesse tenue, la sphère littéraire internationale découvre alors un auteur qui jette la pudeur aux orties en même temps qu’il s’embringue dans un combat féministe. On est médusé par son audace et par la qualité de ses trouvailles. Il ose tout pour défendre une cause, rendant son personnage principal (un écrivain, personnage récurrent de l’œuvre d’Irving) et ceux qui gravitent autour de lui terriblement attachants. « Le monde selon Garp » devient à travers le monde un phénomène culturel et de librairie (il s’écoulera à 850 000 exemplaires en France). C’est le jackpot, puisque chacun des ouvrages qui suivra sera couronné de succès, même si, en de rares exceptions, la critique ne le suit pas toujours (« L’hôtel New Hampshire » -1981 -, « L’enfant de la balle » – 1994 -). Mais les ventes ne vacillent guère, sans compter les adaptations cinématographiques, qui, outre l’aspect financier, lui valent un Oscar pour le meilleur scénario adapté de « L’œuvre de Dieu, la part du Diable ».

Les voyages forment la genèse !

Derrière l’auteur, on sent l’homme bourré d’énergie, le type qui a des convictions et qui s’y accroche ; le lutteur, toujours. Il se dégage de son œuvre une telle intelligence qu’elle s’impose à l’esprit, elle tombe sous le sens. On devine l’écrivain instruit, le voyageur attentif ‒ son séjour à Vienne à l’âge de vingt ans le marquera, non seulement car il y rencontrera sa première femme, mais aussi d’un point de vue littéraire, puisqu’il y puisera de la matière pour ses futurs écrits, notamment son premier titre, « Liberté pour les ours ! ».  Vienne laissera sa trace tout au long de l’oeuvre de l’écrivain, de même que la patte de l’ours y plantera ses griffes. La capitale autrichienne, en même temps qu’elle est le berceau de son écriture naissante, lui fait accomplir ses premiers pas dans la vie d’adulte.

Le chuchotement du hurleur

De retour aux États-Unis, Irving a intégré l’Iowa Writer’s Workshop (Atelier des écrivains de l’Iowa), sous la direction de Kurt Vonnegut. Ce sera le prélude à une carrière débutant en 1968, soit près d’un demi-siècle à nous faire partager son univers tragicomique révélant au fil de milliers de pages une galerie de personnages hétéroclites, des situations délirantes où l’absurde a son mot à dire, et, de façon affirmée ou plus en filigrane, une vision sociétale de l’Amérique. En même temps qu’il embarque son lecteur dans des aventures où le sérieux le dispute au loufoque, il lui donne des outils pour apprécier son propre point de vue sans à tout prix vouloir le lui faire admettre. S’il sait se montrer convaincant, c’est plus par la sincérité de son propos que par rouerie. Manœuvrier, il l’est surtout quand il s’agit d’ordonnancer les rouages de son histoire afin que toutes les aspérités de ses personnages nous égratignent et que l’on se sente concernés au premier plan, happés par son talent de conteur. On devient rapidement son confident, car il vous met la main sur l’épaule pour vous chuchoter ses vérités de poète rude, de rêveur ébranlé. C’est le murmure d’une littérature qui hurle.

Un style qui lance ses hameçons

Irving a le chic pour accrocher son lecteur dès la première phrase. Quelques exemples : « La mère de Garp, Jenny Fields, fut arrêtée en 1942 à Boston, pour avoir blessé un homme dans un cinéma. » (« Le monde selon Garp »). Qui est ce Garp, tout de suite mis en avant, et cette mère qui semble ne pas vouloir s’en laisser compter ? On le saura assez rapidement, mais cette sorte d’effet d’annonce fonctionne à plein.

« L’été où mon père fit l’acquisition de l’ours, aucun de nous n’était né […] ». Pareil pour ces mots qui débutent « L’hôtel New Hampshire » : le narrateur nous parle d’un père pour le moins excentrique, on veut en savoir plus, que cela concerne le pourquoi de l’acquisition d’un ours ou du regard que son fils porte sur ce père étrange et sur bien d’autres choses.

« Le jeune Canadien ‒ quinze ans, tout au plus ‒ avait eu un instant d’hésitation fatal. » (« Dernière nuit à Twisted River »). Le drame nous est annoncé d’emblée, et trouve un écho mélancolique dans la dernière partie du roman. C’est le domino qui fera que tout va se mettre en branle, que l’univers si contrasté d’Irving se déploie.

Le style d’Irving peut aussi se cueillir dans un paragraphe ramassé dont on peut retirer une méchanceté drolatique et une réflexion pointue :

« Conseiller matrimonial ! songea de nouveau Garp, en diluant une cuillerée de purée de tomate dans une tasse d’eau chaude pour ensuite ajouter le tout à sa sauce. Pourquoi les boulots sérieux sont-ils toujours entre les mains de charlatans ? Que pouvait-il y avoir de plus sérieux que le travail de conseiller matrimonial ? Pourtant, il lui semblait que, dans l’échelle de la confiance, un conseiller matrimonial se situait un peu en dessous d’un pédicure. De la même façon que beaucoup de médecins méprisaient les pédicures, les psychiatres ne méprisaient-ils pas les conseillers matrimoniaux ? Quant à Garp, il n’y avait personne qu’il méprisât autant que les psychiatres ‒ ces redoutables simplificateurs, ces voleurs de la complexité des êtres. Pour Garp, les psychiatres étaient les spécimens les plus méprisables de tous ceux qui se révélaient incapables de mettre de l’ordre dans leur propre gâchis. »

Sans doute certains psychiatres incapables d’autodérision n’ont-ils pas savouré ce passage à sa juste valeur, car valeur il y a. Au-delà de la charge lourde sur une profession, on trouve des expressions acérées, et, comme on le remarque souvent chez Irving, une pertinence qui fait mouche. Non pas qu’il faille condamner les psychiatres, mais du moins peut-on en rire. Tout ou presque est contenu dans « ces redoutables simplificateurs, ces voleurs de la complexité des êtres. ». Pour en arriver là, Irving se contorsionne pour mettre en place une échelle de valeurs, du conseiller matrimonial au psychiatre en passant par le pédicure et le médecin. On peut aussi relever qu’il part d’un sujet banal, l’élaboration d’une recette, pour se rapprocher de son lecteur qui connaît bien ces moments où, étant en cuisine, l’imagination travaille, les pensées se développent. Son aversion est soutenue de façon puissante par des formules où toute son inventivité s’exprime. Il est à la fois taquin et corrosif, mélange habile. Sa souplesse d’esprit s’exerce en quelques lignes, il délivre son message avec une économie de mots redoutable. C’est le toréador qui pique ses banderilles et se met en lumière en une fraction de seconde. Qu’on soit d’accord ou non sur le propos tenu, on ne peut qu’admirer le savoir-faire de l’écrivain, sa capacité à manier ses pensées. Tout Irving est là : il sait mettre en valeur ses rebellions d’homme tout en restant auteur. Détenteur d’une opinion, il l’exploite à fond, au risque d’être clivant. C’est notamment à ça que doit s’attacher un écrivain en herbe, à personnaliser son propos, fuyant la neutralité. Irving l’a bien compris : son caractère bien trempé nous vaut des tirades mémorables et des prises de position sans concession.

L’Arrache cerveau

Mais Irving n’est pas le seul à savoir s’extirper des starting-blocks, aussi ne le résumera-t-on pas à ça : l’une de ses grandes forces, c’est sa capacité à rabouter des intrigues, à les faire s’interpénétrer de manière à créer un bloc compact qui vous rentre dans le buffet.

Il faut être clair : John Irving est un auteur inatteignable, s’en rapprocher, c’est déjà être excellent. Beaucoup d’Icare s’y sont frottés, et l’on racle la cire de leur désillusion sur des berges orgueilleuses. Ses phrases, sous des dehors simples, sont vampiriques, elles vous sucent le cerveau, laissant suffisamment de vacuité dans votre boîte crânienne pour que s’y développent des thèses nouvelles.

Il avance à présent dans le brouillard des auteurs consacrés, jusqu’à son prochain roman, jusqu’à ce que l’ours ressorte de la brume…

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JAMES PATRICK DONLEAVY

S’il suffisait de follement plaire à ses lecteurs pour passer pour génial, ce serait presque facile ! Derrière cet engouement, chaque écrivain génial à un tour de main pour devenir inimitable. Si Donleavy bouscule la phrase et déstabilise nos habitudes de lecteur, c’est pour mieux nous éblouir avec un style précis, des personnages hors norme et un humour si personnel et attachant qu’il reste à inventer un adjectif pour le qualifier…

Un auteur qui surprend

On se demande ce qu’il nous arrive quand on lit son premier Donleavy. Qu’est-ce que cet auteur a fait de la ponctuation ? Il éclaircit la phrase comme on enlève la mauvaise herbe. À croire qu’il jardine l’écriture avec la détermination d’un terrassier et sème des points à la volée.

Pourquoi ce new-yorkais parvient-il à pelleter la terre d’Irlande pour nous la renvoyer en pleine figure dans un geste plein de rudesse et de tendresse ?

Parce que Donleavy est (un peu) exigeant, car il nous demande une lecture autre en même temps qu’il provoque l’envie de le découvrir. On assiste, fasciné, à la façon dont il campe ses personnages, on se dit qu’il est définitivement hors norme. Et c’est là qu’à sa façon désinvolte, il interroge son lecteur, lui demandant s’il est prêt à le suivre.

« Je m’arrête. Lève les yeux. Me barrant la route, un visage sorti de l’époque où j’étais étudiant. »

Ses points se baladent se justifient. Ces phrases apparemment bancales feraient hurler tous les professeurs de français. Le traducteur n’a pas dû s’amuser… Un écrivain sait créer du sens et du rythme dans la phrase… et là il le démontre pleinement en faisant fi des conventions ordinaires de l’écriture.

Derrière le hâbleur, un style précis

On peut prendre au hasard les premières lignes de ses romans, on sera toujours séduits, voire surpris. Des exemples : « Aujourd’hui un maigre soleil de printemps. Des charrettes roulant bruyamment vers les quais le long de Tara Street et les gosses blafards, sans souliers, qui crient. » (« L’homme de gingembre »). Un maigre soleil, cette énorme boule de feu ? Donleavy rapetisse d’emblée l’incommensurable. Les gosses sont blafards, signe que l’astre déserte la contrée. Il installe une ambiance en quelques mots, et l’on se sent tout de suite pris en main. Donleavy est malin, subtil et choquant comme nous le verrons plus tard.

C’est surtout un auteur malicieux qui nous nourrit d’une littérature jubilatoire. « Le destin de Darcy Dancer, gentleman » commence ainsi : « Des lambeaux de ciel bleu entre les nuages mornes, en cette froide veille de Noël tandis que l’hiver s’embusquait au fin fond des terres d’Irlande. » ; là encore, le décor est posé. L’hiver qui s’embusque, ce n’est pas rien, on le sent prêt à nous sauter à la gorge.

Un écrivain manieur d’émotions

« Un mois de fortes gelées, juste avant Noël. Ils m’ont appris par téléphone qu’il était mort. […] Chargé dans le train pour une nuit solitaire en direction du nord, enroulé dans un drapeau rabattu sur son blond visage et son sourire figé. […] Je me tenais derrière les autres et je ne l’ai pas vu mettre en terre. Ses petites amies pleuraient et l’une d’elles hurlait ; il a fallu la retenir et elle s’est laissée tomber à genoux, ses bas de nylon s’enfonçant dans la boue ; chacun de nous s’est mis à prier et à se parler à lui-même. » (« Un ami », dans « La sale saison de Samuel S »).

Son humour traverse ses romans et transperce le lecteur, l’épinglant au détour d’une phrase inattendue ou l’éclaboussant d’une drôlerie faussement candide. Et ce n’est pas tout. Son esprit licencieux s’exerce de manière comique ou touchante, ce qui fait de lui un auteur complet et complexe. Il sait à la fois se montrer corrosif et émouvant, fichant parfois, quand on referme l’un de ses romans, un éclat de rire dans un élan nostalgique. Bizarrement, son héros semble presque toujours être le même au fil de ses livres ; qu’il s’agisse d’un être enchanté ou désespéré, il conserve le même ton ironique et désabusé. Il transcende souvent le désespoir pour aboutir sur des pouffements retenus.

Quand on lit Donleavy, on se rend compte de la puissance de sa littérature, mais ce n’est qu’un des pans de son art.

Un érotisme hilarant

Le rapport au sexe est prégnant dans l’œuvre de Donleavy, souvent de façon humoristique, comme en témoigne ce passage de « Mangeurs d’oignons » :

« Je sais que cette particularité physique, trois testicules pour un seul homme, a été dûment authentifiée, mais ce que je me demande, c’est comment on peut hériter d’une anomalie aussi incroyable. » L’anormalité ne le dérange pas, son burlesque s’en goinfre. Les rapports charnels donnent toujours lieu à des scènes piquantes, voire délirantes. Ce n’est jamais vulgaire, simplement outrancier, et toujours un régal. L’amour avec un grand A n’est jamais très loin, mais on se demande avec Donleavy s’il n’est pas inaccessible. Les personnages féminins ont une grande importance dans son œuvre, tant il scrute les femmes avec une douce avidité. Aucun détail de la beauté du sexe faible ne lui échappe, il s’en délecte.

On ressort parfois essoré de passions compliquées ou de destins tragiques, signes que notre homme, derrière sa façade souriante, a ses pudeurs. De la grivoiserie noyée dans des fûts de stout, Donleavy compose une œuvre délicieusement chaotique où l’amour et l’argent tiennent leur place. On trouvera sous sa plume des personnages à la dérive qui finissent par tirer leur épingle du jeu et des situations improbables à hurler de rire !

Pourquoi faut-il lire Don Leavy ?

C’est un vieil homme à présent, on doute qu’il écrive un nouveau roman, mais sa truculence demeure à travers son œuvre. Le lire, c’est accomplir un voyage en Irlande sans frais de soute.  Il fait partie de ces rares auteurs capables de ré-imaginer la littérature. Il sait vous rendre complice de son talent, à telle enseigne qu’on a envie de lui emboîter le pas, en toute humilité. Ne pas lire Donleavy, c’est se priver d’une source de joie.

Suite à ce survol des œuvres de ces trois grands noms afin d’en déceler ce condiment qui compose leur style, on réalise qu’au fond, cette personnalisation en écriture vient du fait qu’un auteur puise cet essence dans sa propre vie, parce qu’« écrire, c’est trouver ce qui vit en toi. » R. Kopland

Compilation de Diane Lemay, articles de Frédéric Barbas

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