Quels bénéfices peut-on retirer d’un atelier d’écriture créative ? Et quels efforts doit-on accomplir pour que ces avantages subviennent ? De quelles croyances faut-il se défaire afin d’obtenir le maximum de créativité des échanges que cette pratique d’écriture réclame ? Est-ce être face à soi que de se confronter aux autres dans ce cadre précis ? Enfin, vais-je cesser de poser des questions et commencer à y répondre ?…
Les mots et les ego
Les mots épicés
Chacun s’inscrit à un atelier d’écriture pour des raisons qui lui sont propres. Ce peut être, à travers la passion d’écrire, l’envie de rencontrer des gens qui la partagent. Pour voir si le goût des mots a la même saveur chez les autres. Ou découvrir de quelle façon ils pimentent leurs textes. On est toujours curieux de comprendre ce qui anime les personnes ayant un même centre d’intérêt que le nôtre, parfois pour mieux appréhender les raisons qui font qu’on y consacre une partie importante de notre existence. Puis, se confrontant aux idées de ces frères d’écriture, de ces sœurs d’inspiration, à tous ces miroirs intellectuels, d’autres mystères pointent le crochet de nombreux points d’interrogation…
Les regards d’encre
Pour avoir participé à plusieurs ateliers d’écriture en présentiel, je pense avoir une assez bonne vue d’ensemble de ce microcosme très particulier. D’une certaine manière, effectuer la démarche d’exposer à la vue de parfaits inconnus ce que l’on considère comme un talent pourrait sembler relever du pur masochisme. La nature humaine n’étant que peu encline à la bienveillance, il y a des coups à prendre lorsqu’on dévoile la part d’intime transparaissant par le biais des réflexions que l’on couche sur le papier. Ce n’est pas une révélation de dire que soumettre une de nos histoires à des regards autres que ceux de nos proches revient à dévoiler en partie de quelle encre nous sommes faits.
Tous égaux devant l’ego
Pourtant, un jour ou l’autre, nous franchissons le pas. Pourquoi ? Car il nous est nécessaire d’entendre des jugements, des avis nous faisant prendre conscience d’une banale réalité : en tant qu’écrivain, nous ne sommes pas parfaits. Et c’est par l’échange de points de vue que ce constat s’affirme. En discutant et rediscutant d’une phrase, un monde de possibilités peut s’ouvrir à nous. Si ce que nous estimions parfait s’avère perfectible, preuves à l’appui, ça redéfinit notre vision de qui nous sommes, de la pertinence de nos mots. De leur poids. En ce sens, un atelier d’écriture est un formidable régulateur d’ego. Qu’on soit physiquement en présence ou pas de la personne nous adressant une remarque qui nous trouble, une remise en question bénéfique s’opère si l’on est à l’écoute.
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Conversations
Remise en cause
Ce sont ces échanges, une fois la barrière de la vexation franchie, qui nous permettent de grandir grâce au regard de l’autre. À titre personnel, je me suis remis plus d’une fois en cause parce qu’une réflexion, aussi amicale qu’elle soit, m’avait froissé. Quoi, on contestait mon génie ? On ne voyait pas à quel point j’étais brillant ? Eh oui… on aime se contempler quand on écrit, mais on déteste admettre qu’un regard acéré se pose sur nos phrases pour en débusquer les travers littéraires. Les gens s’enfermant dans la croyance que tutoyer la perfection n’exige aucun travail progressent peu, voire pas du tout. Un atelier d’écriture permet de mesurer l’indispensabilité de l’effort.
Cœur de fer
Je le dis en toute amicalité à celles et ceux qui me font le plaisir de lire cet article : oubliez vos qualités afin de mieux vous pencher sur vos défauts. Les premières nous aveuglent quand les seconds nous ouvrent les yeux. Je prends un exemple tout bête : vous venez d’écrire une phrase parfaite. Si, ça existe, il suffit de me lire. Mais cette phrase-là, aussi maîtrisée soit-elle, peut se révéler n’être qu’un masque empêchant de voir la médiocrité du paragraphe qu’elle honore de sa présence. Les ateliers d’écriture, surtout à distance, font ressortir nos déchets littéraires. Je n’affirme pas que le présentiel ne le permet pas. Je dis juste que le Net n’oublie rien. Que tout ce qui a été écrit et commenté dans le cœur de fer d’un disque dur palpite à jamais sous nos yeux. Quand, à l’inverse, une conversation se révèle facilement oubliable et déformable.
L’Humain et l’Humour
Un atelier d’écriture, ce sont aussi des liens qui se créent. Croyez-en mon expérience, il peut s’y dire plus de paroles vraies que dans un confessionnal. L’Humain a besoin de parler et l’écrivain éprouve parfois la nécessité de raconter sa vie. Je vous conte encore une fois l’une de mes expériences, si ça ne vous ennuie pas. J’ai connu un gars pour lequel j’ai éprouvé beaucoup d’affection simplement parce que nous avions dans nos lectures des auteurs en commun. À quoi ça tient, hein ? Lui et moi aimions Jack Vance, par exemple. Et avions en commun ce fabuleux sens de l’humour dont je vous fais profiter à chaque article. Comment ça, non ? Ah ben si, je viens de vous voir sourire, là !
Une bière sous le lampadaire
Si vous n’avez jamais bu une bière après minuit sur le minuscule parking d’une bourgade paumée en devisant des apports de la science-fiction à la littérature, difficile de vous imaginer la scène. Mais ce qu’il y a à retenir d’un atelier d’écriture réel ou virtuel, c’est que lorsqu’on claque la porte de sa bagnole pour repartir dans la nuit ou quand on clique sur une croix pour fermer une page, une chose est sûre : on s’en va avec les mots de son pote en tête. Et ils restent à jamais gravés en vous. Car certaines conversations ne sont ni oubliables, ni déformables. Paradoxe, quand tu nous tiens…
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