Texte présenté au terme du stage
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De la pichenette au gueuleton
L’océan danse sous le ciel bleu de l’été. Néanmoins, l’horizon se voile. Les vacanciers ramassent à la hâte leurs affaires et quittent la plage. Seul Jojo et sa famille restent sur place à profiter de ce lieu apparemment idyllique. Plus loin la centrale nucléaire est là. Présente mais discrète.
Jojo, nage le long de la côte. Au contact de ce bain de fraîcheur, un état de bien-être l’envahit. Tout n’est que quiétude, apaisement. On n’entend que le flux et le reflux de quelques vagues lentes. L’eau se retire, tapissant la plage de ses nombreuses algues brunes. Ses deux fils, jouent au badminton sur le sable sec. De temps à autre, le toc du volet sur la raquette vient troubler le silence. Marie, son épouse fait un brin de bronzette au pied de la dune. Jojo, éternel distrait se prélasse sur le dos, la tête à moitié dans l’eau. Le nez en l’air, la bouche en cul de poule, il rêve aux anges. Pendant ce temps, la brume arrive, recouvrant la mer de son manteau blanc.
Quelques minutes s’écoulent avant que jojo revienne à la réalité. Il se retourne. Ne distinguant plus la plage, il tente de la rejoindre, mais se dirige vers le large.
Pourra-t-il encore faire demi-tour ? En attendant notre Jojo commence à se poser des questions.
– Me serais-je éloigné de la côte ? Ces Algues sont immenses, de véritables matelas pour baigneurs fatigués ! Je n’avais encore jamais vu ça. Et ces poissons, de plus en plus gros, de plus en plus long. De véritables monstres. Et ces montagnes Russes, d’où sortent-elles ? Pour une fois qu’il n’y a pas de vent dans cette foutue région. Je ne comprends pas. Ai-je pénétré dans une autre dimension ou quoi ?
Jojo nage à présent vers la plage. Les éléments qui l’entourent continuent toutefois à grandir, à augmenter de volume. Les minutes s’écoulent. Désemparé, fatigué, il s’agrippe à un brin d’algue comme à un radeau. Une vague projette le tout contre une coquille d’huitre échouée sur le sable.
– Nom d’une pipe ! J’ai failli me fracasser la tronche contre cette épave de cargo ! S’exclame-t-il.
Il essaye de courir, mais les grains de sable étant pour lui des cailloux et les graviers des rochers, il a du mal à avancer. L’eau le rattrape, le recouvre. Il coule. Rejeté à nouveau, il roule sur le sable détrempé, se relève, sort enfin de la brume pour atteindre le sol sec.
A la vue de coquillages gigantesques, il tourne sur lui-même, observe. Ses enfants sont bien là. Face à la mer, tels de véritables géants, leur caleçon descendu au bas du ventre et leur main en visière.
– Je ne vois plus papa, s’étonne l’un des gamins en ramenant ses points aux hanches.
– Avec la brume de mer, ça craint. J’espère qu’il ne s’est pas noyé, rajoute l’autre.
– Papa, papa… crient-ils en partant chacun de leur côté.
– Mes sens sont-ils altérés ou quoi ? se demande Jojo, alors que les appels de ses fils écorchent ses oreilles.
– Je suis là, je suis là, houuu ! ! ! ! ! crie Jojo en sautant de plus en plus haut.
Jojo est désespéré. On ne l’entend pas. On ne le voit pas.
A l’inverse, pour lui, tout se présente dans une dimension fantastique.
– Est-ce bien ma femme, là-bas, allongée sous le soleil, ou bien, est-ce un blockhaus de la dernière guerre ? Je dois m’en assurer.
Il s’avance avec difficulté, trébuchant au moindre obstacle. Un goéland aussi imposant qu’un airbus passe au-dessus de lui. Le souffle coupé, Jojo a juste le temps de se plaquer au sol. Le danger passé, il se relève, redresse sa tête.
– Tiens ! Du rouge identique à la couleur du bikini de Marie. C’est bien elle !
Jojo accélère le pas, il transpire, s’essouffle, persévère, bien décidé à atteindre son but.
– Parbleu ! C’est la muraille de Chine ou quoi ? Se demande-t-il en arrivant au bas de la jambe droite de son épouse.
L’ascension s’avère difficile. Fort heureusement il peut s’accrocher aux branches. Encore une chance que la dernière épilation remonte à plus d’un mois. Arrivé en haut, il remarque une colline. A priori la pente n’est pas des plus raides. Plus loin deux monts culminants lui paraissent plus difficiles à escalader, la gorge qui les sépare s’avère dangereuse. Trop profonde, trop étroite, il pourrait y perdre la vie. Pourtant c’est bien là-haut qu’il doit se rendre s’il souhaite se faire remarquer.
– Allez, Jojo encore un peu de courage ! Se dit-il, alors qu’une ombre plane au-dessus de lui.
Jojo arrive sur l’un des mamelons, il se met à gesticuler, brandissant ses poings et criant de toute sa voix.
– Aaah ! crie Marie, une bestiole !
Et, d’un revers de main, elle envoi valser son époux dans les airs.
Rapido-Presto, une masse blanche plonge. Jojo est happé par le bec du goéland, Marie croit reconnaître une paire de gambettes s’agiter. Mais, jamais, elle ne comprendra que ce sont celles de son Jojo.
Comment aurait-elle pu deviner qu’il avait autant rapetissé ?
Texte revu après stage
De la pichenette au gueuleton
L’océan danse sous le ciel bleu de l’été. Néanmoins, l’horizon se voile. Les vacanciers ramassent à la hâte leurs affaires et quittent la plage. Seul Jojo et sa famille restent sur place à profiter de ce lieu apparemment idyllique. Plus loin la centrale nucléaire est là. Présente mais discrète.
Jojo, nage le long de la côte. Au contact de ce bain de fraîcheur, un état de bien-être l’envahit. Tout n’est que quiétude, apaisement. On n’entend que le flux et le reflux de quelques vagues lentes. L’eau se retire, tapissant la plage de ses nombreuses algues brunes. Ses deux fils, jouent au badminton sur le sable sec. De temps à autre, le toc du volet sur la raquette vient troubler le silence. Marie, son épouse fait un brin de bronzette au pied de la dune. Jojo, éternel distrait se prélasse sur le dos, la tête à moitié dans l’eau. Le nez en l’air, la bouche en cul de poule, il rêve aux anges. Pendant ce temps, la brume arrive, recouvrant la mer de son manteau blanc.
Quelques minutes s’écoulent avant que jojo revienne à la réalité. Il se retourne. Ne distinguant plus la plage, il tente de la rejoindre, mais se dirige vers le large.
Pourra-t-il encore faire demi-tour ? En attendant notre Jojo commence à se poser des questions.
_ Me serais-je éloigné de la côte ? Ces Algues sont immenses, de véritables matelas pour baigneurs fatigués ! Je n’avais encore jamais vu ça. Et ces poissons, de plus en plus gros, de plus en plus long. De véritables monstres. Et ces montagnes russes, d’où sortent-elles ? Pour une fois qu’il n’y a pas de vent dans cette foutue région. Je ne comprends pas. Ai-je pénétré dans une autre dimension ou quoi ?
Jojo nage à présent vers la plage. Les éléments qui l’entourent continuent toutefois à grandir, à augmenter de volume. Les minutes s’écoulent. Désemparé, fatigué, il s’agrippe à un brin d’algue comme à un radeau. Une vague projette le tout contre une coquille d’huitre échouée sur le sable.
_ Nom d’une pipe ! J’ai failli me fracasser la tronche contre cette épave de cargo ! S’exclame-t-il.
Il essaye de courir, mais les grains de sable étant pour lui des cailloux et les graviers des rochers, il a du mal à avancer. L’eau le rattrape, le recouvre. Il coule. Rejeté à nouveau, il roule sur le sable détrempé, se relève, sort enfin de la brume pour atteindre le sol sec.
A la vue de coquillages gigantesques, il tourne sur lui-même, observe. Ses enfants sont bien là. Face à la mer, tels de véritables géants, leur caleçon descendu au bas du ventre et leur main en visière.
_ Je ne vois plus papa, s’étonne l’un des gamins en ramenant ses points aux hanches.
_ Avec la brume de mer, ça craint. J’espère qu’il ne s’est pas noyé, rajoute l’autre.
_ Papa, papa… crient-ils en partant chacun de leur côté.
_ Mes sens sont-ils altérés ou quoi ? se demande Jojo, alors que les appels de ses fils écorchent ses oreilles.
_ Je suis là, je suis là, houuu ! ! ! ! ! crie Jojo en sautant de plus en plus haut.
Jojo est désespéré. On ne l’entend pas. On ne le voit pas.
A l’inverse, pour lui, tout se présente dans une dimension fantastique.
_ Est-ce bien ma femme, là-bas, allongée sous le soleil, ou bien, est-ce un blockhaus de la dernière guerre ? Je dois m’en assurer.
Il s’avance avec difficulté, trébuchant au moindre obstacle. Un goéland aussi imposant qu’un Airbus passe au-dessus de lui. Le souffle coupé, Jojo a juste le temps de se plaquer au sol. Le danger passé, il se relève, redresse sa tête.
_ Tiens ! Du rouge identique à la couleur du bikini de Marie. C’est bien elle !
Jojo accélère le pas, il transpire, s’essouffle, persévère, bien décidé à atteindre son but.
_ Parbleu ! C’est la muraille de Chine ou quoi ? Se demande-t-il en arrivant au bas de la jambe droite de son épouse.
L’ascension s’avère difficile. Fort heureusement il peut s’accrocher aux branches. Encore une chance que la dernière épilation remonte à plus d’un mois. Arrivé en haut, il remarque une colline. A priori la pente n’est pas des plus raides. Plus loin deux monts culminants lui paraissent plus difficiles à escalader, la gorge qui les sépare s’avère dangereuse. Trop profonde, trop étroite, il pourrait y perdre la vie. Pourtant c’est bien là-haut qu’il doit se rendre s’il souhaite se faire remarquer.
_ Allez, Jojo encore un peu de courage ! Se dit-il, alors qu’une ombre plane au-dessus de lui.
Jojo arrive sur l’un des mamelons, il se met à gesticuler, brandissant ses poings et criant de toute sa voix.
_ Aaah ! crie Marie, une bestiole !
Et, d’un revers de main, elle envoi valser son époux dans les airs.
Rapido-Presto, une masse blanche plonge. Jojo est happé par le bec du goéland, Marie croit reconnaître une paire de gambettes s’agiter. Mais, jamais, elle ne comprendra que ce sont celles de son Jojo.
Comment aurait-elle pu deviner qu’il avait autant rapetissé ?
1 réflexion sur “Arlette Bachelard – Stage questions de style (mai 2016)”
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