Le blog d'Esprit Livre

" Vous trouverez sur ce blog des informations sur les métiers de l'écriture, des chroniques littéraires , des textes de nos auteurs en formation, des guides et des conseils pour vous former, écrire et publier. " Jocelyne Barbas, écrivain, formatrice, fondatrice de L'esprit livre.

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Valérie Bertrand – Stage questions de style (mai 2016)

Sommaire

Texte présenté au terme du stage

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Mort à la clé

Depuis quelques jours, une étrange sensation s ’empare d ‘ Hervé, ses membres sont endoloris, courbaturés. Il s’observe et ressent comme une distorsion de son corps, c ‘est infime mais c’ est comme si son être  se rétractait. Cette brume gazeuse qui était apparue durant ses vacances en était -elle la cause ? Était -elle nocive ? Avait -il inhalé  un poison ? Herve stoppe ses ruminations. Demain il fera jour, il sera toujours temps d’ aller consulter. Il se couche la tête cotonneuse.

Au petit matin, frais et dispos il saute littéralement de son lit, plus précisément  il en chute.
« C ‘est bien ma veine pense- t- il je me sens en pleine forme et je me casse la figure. J ‘ai vraiment du choper un virus »

Un peu agacé, il se rend à la salle de bain. Cette fois c ‘est sa vue qui lui joue des tours , le WC lui semble beaucoup plus grand que d’ habitude. Il se précipite devant le miroir. Il doit se mettre sur la pointe des pieds pour n’ apercevoir que la moitié de son visage. Ses yeux d’ un magnifique vert s ‘arrondissent d’ incrédulité. L’ évidence  lui apparaît, il a rétréci ! Il a la taille d’un garçonnet ! Lui si fier de son mètre 93 qui le place au-dessus de la masse des nabots ! Certains lui reprochent une certaine condescendance… Ce sont des jaloux ! Les femmes, elles, ne s’y trompent pas, elles l ‘admirent. Dès qu’ un regard féminin se pose sur lui, ses pectoraux se contractent imperceptiblement. Il se pense si irrésistible qu’ ‘il ne perçoit jamais le sourire amusé de ces dames qui se focalisent sur ses oreilles paraboliques.

Herve, refuse de paniquer. Aujourd’hui, dimanche, c ‘est jour de baguette fraiche. Cette pensée a quelque chose de rassurant. Comme si aller chercher son pain le ramenait à  la banalité d ‘une routine dominicale et lui rendait la maîtrise de sa vie.
Pragmatique, il réadapte ses vêtements avant d ‘affronter la rue. Il ne sait pas encore jusqu’ où va l ‘entraîner sa réduction. L’ urgence dans l’ immédiat est son petit déjeuner.

Les effluves des petits pains chauds et croustillants font frémir ses narines. Leur taille n ’empêche pas l ‘odeur de s’ instiller dans ses conduits olfactifs et d’ atteindre les synapses de son petit cerveau. La boulangère lui apparaît dans toute sa joyeuse splendeur, dorée comme une brioche sortie du four, blonde comme les blés, appétissante, savoureuse. Il la croquerait bien. Son nouveau champ de vision la transforme en idole imposante, généreuse. Il lève des yeux concupiscents imaginant avec délectation une partie de jambes en l’ air effrénée au milieu des choux crémeux, des éclairs chocolatés et autres tartes fruitées.
La déesse daigne poser le regard sur lui, son joli sourire magnifie ses fossettes
– Bonjour mon petit bonhomme, alors … Qu’ est ce qui te ferait plaisir ?

Mon petit bonhomme …mon petit bonhomme… Elle l’ a pris pour une miniature, son ego se prend une claque. Tout de même ! Il n’ a pas une tête de gosse ! elle verra de quoi il est capable quand il retrouvera sa taille d’ étalon .Le petit bonhomme la fera grimper aux rideaux !

Sa baguette et son amour propre sous le bras, Herve rentre chez lui.

Pendant deux jours il assiste à  l’ accélération de sa transformation  espérant que le processus s’ inverse.

C ‘est lorsqu’ il tombe de la table de la cuisine, entrainant la corbeille à fruits dans sa chute qu ‘il prend conscience qu’ il est temps d’appeler à l ‘aide. Mourir écrasé  par une pomme ne serait pas très glorieux. Son premier réflexe est de contacter son ami Antoine. Après  bien des efforts….sauter à pieds joints sur les touches de téléphone est assez sportif…il compose le numéro d ‘Antoine et tombe sur sa messagerie. Il hurle à en devenir aphone.
Herve n ‘a plus qu ‘une idée  en tête , sortir de chez lui, trouver une anti dote coûte que coûte, il veut récupérer son mètre 93.

La seule issue de secours : le trou de serrure de la porte d ‘entrée. A la force de ses biceps musclés et en déplaçant des objets, il escalade la porte et parvient au bord du cylindre. Ses oreilles sensibles détectent des bruits. Il reconnait la voix de basse de son ami Antoine.
Ce cher vieil Antoine. Hervé pousse un soupir de soulagement.

– Voila c ‘est ici, au numéro 13. Je suis vraiment inquiet, je n’ ai plus de nouvelles de lui depuis deux jours, ce  n ‘est pas dans ses habitudes. Il a tenté  de me laisser un message mais il n ‘y a aucun son.

– Eh ! Vous ne pensez pas qu’il vaudrait mieux faire appel aux pompiers. Si votre pote est calenché ou prêt à l’ être ce n’ est pas ma clé a percussion qui le ranimera.
– Contentez-vous de crocheter. Si les pompiers débarquent cela va être un foin pas possible, ils vont détruire la porte ce qu’ il ne supporterait pas. Je suis persuadé qu’ il cuve un trop plein de whisky, roulé en boule dans le fond de son lit, en compagnie d ‘une migraine.

Une inquiétude diffuse s ’empare d ‘Hervé, il n’ a pas encore atteint la sortie de la serrure. L ‘exercice est épuisant, il rampe au plus vite vers la lumière. Soudain elle s ‘obscurcit, il voit s ‘avancer une énorme masse grise…

– Ok, le boulot va être simple, c’ est du pêne classique ça. J’enfonce cette tige.
En deux temps trois mouvements, la porte sera ouverte, votre pote n’ y verra que du feu.

De fait, il n’ y vit que du feu, une violente douleur lui vrilla le crâne, un feu d ‘artifice éclata dans sa minuscule tête. Les dernières paroles qu’ il perçut dans un brouillard rouge furent celles du serrurier.

– Ah merde…y a un truc qui gêne…on dirait une grosse bestiole…


Texte revu après stage

Mort à la clé

Depuis quelques jours, Hervé est la proie d’une peur diffuse, angoissante. Ses membres sont endoloris, courbaturés. Il discerne des fourmillements, des picotements dans tout son organisme. Il s’observe face au miroir de la salle de bains et ressent comme une distorsion de son corps, c’est infime, mais il a la certitude que son être se rétracte. Aujourd’hui plus que jamais.

Hervé stoppe ses ruminations avant que son hypocondrie ne lui provoque une bouffée d’angoisse. En prévention, il avale une aspirine et se couche la tête cotonneuse.

Au petit matin, le cerveau embrumé par une nuit agitée de rêves confus il se rend à la salle de bain. Cette fois c ‘est sa vue qui lui joue des tours , le WC lui apparait beaucoup plus grand que d’ habitude. Y a vraiment un truc qui cloche marmonne t- il en visant du mieux qu’il peut le fond de la cuvette. C’est en se mettant sur la pointe des pieds pour atteindre la savonnette sur le lavabo qu’Hervé prend toute la mesure de son état. Dans le miroir il n’aperçoit que ses yeux …ronds d’incrédulité. Pas son nez… Pas sa bouche…

L’ évidence lui apparait dans toute son aberration, il rétrécit ! En une nuit, ce qu’il soupçonnait depuis un certain temps s’est réalisé, il a perdu près d’un mètre. Il a la taille d’un garçonnet ! Lui si fier de son mètre 93 toute en musculature finement sculptée qui le place au-dessus de la masse des ordinaires ! Les hommes le jalousent, les femmes l’admirent.

Hervé, refuse de paniquer, se raisonne. Aujourd’hui, dimanche, c’est jour de baguette fraiche. Cette pensée a quelque chose de rassurant. Comme si aller chercher son pain le ramenait à la banalité d’une routine dominicale et lui rendait la maitrise de sa vie. Et puis il a besoin de s’oxygéner.
Pragmatique, il réadapte ses vêtements avant d’affronter la rue. Il ne sait pas encore jusqu’ où va l’entrainer sa réduction. L’ urgence dans l’ immédiat est son petit déjeuner quoiqu’il se passe.

Les effluves des petits pains chauds et croustillants font frémir ses narines. L’odeur lui semble décuplée et le renvoie à des souvenirs d’enfance .
La boulangère lui apparait dans toute sa joyeuse splendeur, dorée comme une brioche sortie
du four, blonde comme les blés, appétissante, savoureuse. Il la croquerait bien. Son nouveau champ de vision la transforme en idole imposante, généreuse. Il lève des yeux concupiscents
imaginant avec délectation une partie de jambes en l’ air effrénée au milieu des choux
crémeux, des éclairs chocolatés et autres tartes fruitées.
La déesse daigne poser le regard sur lui, son joli sourire magnifie ses fossettes
– Bonjour mon petit bonhomme, alors … Qu’ est ce qui te ferait plaisir ?

L’ego d’Hervé se prend une claque magistrale
Mon petit bonhomme …mon petit bonhomme… Elle l’ a pris pour un morveux !Tout de même ! Il n’ a pas une tête de gosse ! D’un coup il la trouve moins affriolante la divine boulangère .

Sa baguette et son amour propre sous le bras, Hervé rentre chez lui.

Pendant deux jours il assiste à l’accélération de sa transformation tour à tour effrayé, amusé, effondré, résigné. Il se prend à penser qu’il n’est que le personnage d’un mauvais cauchemar.

C’est lorsqu’il tombe de la table de la cuisine, entrainant la corbeille à fruits dans sa chute et s’imaginant écrasé par une pomme comme un vulgaire insecte qu’il se résout à chercher de l’aide.
Son premier réflexe est de contacter son ami Antoine. Après bien des efforts….sauter à pieds joints sur les touches de téléphone est assez sportif…il compose le numéro d ‘Antoine et tombe sur sa messagerie. Il hurle à en devenir aphone conscient de sa voix inaudible .
Hervé n’a plus qu’une idée en tête, sortir de chez lui, récupérer son mètre 93.

La seule issue : le trou de serrure de la porte d ‘entrée. A la force de ses biceps
et en déplaçant des objets, il escalade la porte et parvient au bord du cylindre.
Ses oreilles sensibles détectent des bruits. Il reconnait la voix de basse de son ami Antoine.
Ce cher vieil Antoine. Hervé pousse un soupir de soulagement.

– Voila c ‘est ici, au numéro 13. Je suis vraiment inquiet, je n’ ai plus de nouvelles de lui
depuis deux jours, ce n ‘est pas dans ses habitudes. Il a tenté de me laisser un message mais
il n ‘y a aucun son.
– Eh ! Vous ne pensez pas qu’il vaudrait mieux faire appel aux pompiers. Si votre pote est
calenché ou prêt à l’ être ce n’ est pas ma clé a percussion qui le ranimera.
– Contentez-vous de crocheter. Si les pompiers débarquent cela va être un foin pas possible, ils vont détruire la porte ce qu’ il ne supporterait pas. Je suis persuadé qu’ il cuve un trop plein de whisky, roulé en boule dans le fond de son lit, en compagnie d ‘une migraine.

Une inquiétude diffuse s ’empare d ‘Hervé, il n’ a pas encore atteint la sortie de la serrure.
L ‘exercice est épuisant, il rampe au plus vite vers la lumière. Soudain elle s ‘obscurcit, il voit s’avancer une énorme masse grise…

– Ok, le boulot va être simple, c’ est du pêne classique ça. J’enfonce cette tige. En deux temps
trois mouvements, la porte sera ouverte, votre pote n’ y verra que du feu.

De fait, il n’ y vit que du feu, une violente douleur lui vrilla le crâne, un feu d ‘artifice éclata
dans sa minuscule tête. Les dernières paroles qu’ il perçut dans un brouillard rouge furent
celles du serrurier.

– Ah merde…y a un truc qui gêne…on dirait une grosse bestiole.

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